Bénévolat : Le dirigeant réduit à l’inaction pourra-t-il retrouver son dévouement à la cause du sport ?
Cela fait maintenant une année que le coronavirus nous pourrit la vie. Au plan sportif, à l’exception des professionnels qui peuvent poursuivre leur métier, le sport amateur est au point mort. Alors que vont devenir nos dirigeants quand le sport aura repris ses droits ?
Nous sommes évidemment inquiets mais ce n’est pas nouveau que de vouloir nous interroger sur le rôle du dirigeant bénévole dans le sport. Dans le journal de la Ligue de Picardie de football, en 1983, nous avions traité le sujet en évoquant « le rôle ingrat du dirigeant de club qui œuvre le plus souvent dans l’anonymat, dans l’ombre et qui répond toujours dès qu’on fait appel à lui. »
Nous avions poursuivi notre analyse ainsi : « Ce dirigeant n’a pas beaucoup de loisirs, de vie de famille. Dans un club, les bonnes volontés ont tendance à se raréfier. Ce dirigeant est souvent employé à des heures inhabituelles, le matin pour les jeunes et le midi, il se contente le plus souvent d’un sandwich avant d’aller rejoindre l’équipe senior du club. Avec sa voiture, il conduit les jeunes du club à ses frais car il n’est pas remboursé. Il prend des risques en surchargeant son véhicule. Un jour viendra où ce dirigeant ne pourra plus assurer son rôle avec autant de dynamisme. Le dirigeant finit par s’user d’autant que se propage de plus en plus les sports loisirs qui voient se développer l’égoïsme qui prend le dessus sur la solidarité. »
Le temps ne fait rien à l’affaire
Nous avions alors conclu « que les victoires ne lui appartiennent pas alors qu’il ressent profondément la défaite. » Nous étions dans les années 80 et dix ans plus tard, le discours avait un peu changé tout en restant pessimiste. « La crise est sur nous » titrait le mensuel POUR LE SPORT dont l’existence a été très brève. « De croissance hier, nous passons à la stagnation aujourd’hui et demain à la récession. Heureusement, le sport parait épargné et la jeunesse veut se dépasser. »
Comment était le dirigeant il y a trente ans ? « Il continue à faire l’impossible avec ce qu’on nous promet et qu’on ne nous donne pas. Ses motivations demeurent mais pour combien de temps encore ? Nous persévérons à combler les déficits budgétaires en prenant l’argent dans nos poches et non dans celles des autres. Le dirigeant n’est pas un adepte du show-biz. Nous faisons comme s’il était possible que le monde s’arrête de marcher sur la tête. »
Une crise en renforce une autre
Nous sommes en 2021 et depuis un an, le sport amateur est en crise. Financièrement il est aux abois. Le dirigeant de base est au repos forcé et inévitablement, même s’il aimera toujours le sport, il n’aura plus l’enthousiasme ni l’énergie pour le servir. En un mot, ce dirigeant aura perdu la foi et il n’aura plus le même dynamisme et l’envie de s’occuper des jeunes. Ce dirigeant à qui tant de promesses ont été faites sera-t-il en mesure de repartir ? Soyons réalistes : non.
Viendra alors le temps de dédommager ces dirigeants. Mais il est évident qu’au plan financier, ce sera un long processus et nous ne sommes pas certain que l’État jouera son rôle.
Lionel Herbet
Crédit Photo : Reynald Valleron – Gazettesports