ULTIMATE FRISBEE : Auto-arbitrage, Les Pick Hard Disc nous l’expliquent
L’Ultimate est un jeu de gagne-terrain avec un frisbee, arbitré par les joueurs eux-mêmes. Des valeurs comme celle du flair-play sont donc nécessaires au bon déroulement du jeu et donc de l’arbitrage.
Dans le jeu, l’auto-arbitrage se manifeste par l’application du règlement par les joueurs eux-mêmes. Les fautes sont relayées sur le terrain par des signes spécifiques selon la faute pour faciliter la compréhension par tous, ainsi que la rapidité et la fluidité du jeu. De plus après chaque match, les équipes s’auto-évaluent, « on est d’ailleurs notés à la fin de la rencontre sur plusieurs critères » nous dit Cyane Arbeaumont, joueuse et ex-présidente des Pick Hard Disc. Cette notation d’après-match s’appuie sur des notions comme la connaissance et l’application des règles, ce qui montre bien que « les joueurs doivent avoir une certaine idée du règlement » rajoute-t-elle aussi.
« C’est ce qui fait la beauté de notre sport »
Un côté positif…
Cette spécificité de l’Ultimate oblige donc les joueurs à « être davantage vigilants » sur l’appel des fautes, à « avoir une attention supplémentaire » sur le déroulement du jeu. L’auto-arbitrage entraîne, de la part des joueurs-arbitres, davantage d’implication et de concentration dans le jeu. La communication est aussi une résultante positive de cet auto-arbitrage : les joueurs doivent communiquer entre eux lors des fautes, ils doivent être dans la conciliation, se mettre d’accord ou non, trouver la meilleure solution possible et reprendre le cours du match sereinement malgré l’enjeu de la rencontre et de la compétition. Il n’y a pas ce côté « adversaire » ou cette « amertume » présente dans d’autres disciplines. « C’est ce qui fait la beauté de notre sport » ajoute-t-elle.
…un côté négatif
La connaissance intégrale du règlement peut nuire à la pratique notamment pour les nouveaux pratiquants, « ça peut aussi être impressionnant de voir que l’on doit connaître pas mal de règles » confie la joueuse picarde. Cette connaissance des règles doit être suffisante pour les jeunes joueurs. Par exemple, en DR3, une catégorie dans l’ultimate indoor (en intérieur) en régional, « on peut voir que les gens sont nouveaux et ne connaissent pas assez les règles tandis que si vous allez en national, là les joueurs connaissent un peu mieux le règlement« .
Pour Cyane Arbeaumont, l’auto-arbitrage de cette discipline, dite olympique, nuit à son intégration aux Jeux Olympiques, « bien que ce sport soit fondé sur les valeurs de l’olympisme« . Cette mise à l’écart peut s’expliquer par le fait que ce sont les joueurs eux-mêmes qui arbitrent leur match et non des arbitres officiels, donc « neutres ». Il y aurait donc un manque de neutralité, qu’un arbitre pourrait apporter en pouvant trancher entre les 2 équipes.
…et un juste milieu
Pour pallier peut-être à ce manque, un rôle supplémentaire à été instauré depuis 2019, exclusivement sur les nombreuses échéances internationales : les Game Advisor. Ce ne sont en aucun cas des arbitres, « on ne peut pas les assimiler comme tels« . Ils sont là pour relayer les gestes sur le bord des terrains des joueurs lors de fautes, mais aussi lorsque la faute fait débat, ils peuvent donner leurs avis sans prendre la décision : « si 2 joueurs ne sont pas d’accord on pourra leur demander leur avis, comment ils ont perçu les choses, mais la décision appartient aux 2 joueurs en question » nous précise l’ex-présidente du club.
La présidente actuelle du club, Mélissande Vaxevanoglou, tend à espérer que cela arrive en France mais aussi que cela puisse apporter « une certaine sécurité pour un jour, être mis à un niveau olympique, ce serait un bon compromis, une entrée en matière pour l’ultimate… »
Hugo Degl’Innocenti et Morgan Chaumier
Crédits Photos : DR