SPORT HANDICAP : La rééducation par électrostimulation
L’électrostimulation sert à envoyer des impulsions électriques à intensité variable. Les décharges sont envoyées via des électrodes placées sur la zone que l’on veut faire travailler, comme un muscle. Elle peut également servir pour la rééducation des nerfs.
Initialement, notre organisme envoie des impulsions à nos muscles et nos nerfs. L’électrostimulation a le même rôle, mais elle se traduit par une impulsion électrique envoyée directement sur la peau par l’intermédiaire d’électrodes. Elle ne sollicite cependant aucune articulation. Cette technique douce et naturelle n’est pas néfaste pour l’organisme si elle est utilisée correctement mais il y a quelques contre-indications.
Délaissée depuis quelques années, elle fait son grand retour grâce à l’ouverture de nombreux centres d’électrostimulation et l’utilisation des électrodes pour la rééducation par des kinésithérapeutes. L’électrostimulation aide à récupérer efficacement. Ainsi, elle diminue grandement les risques de courbatures et de blessures musculaires. Elle peut également servir au soulagement de différents types de douleurs ainsi qu’à la rééducation de fonctions musculaires perturbées. Bastien Keller, kinésithérapeute à Amiens, explique les fonctionnalités de l’électrothérapie : « il y a différents domaines d’application. On a l’électrothérapie antalgique qui concerne pas mal de monde, car des gens qui ont mal à un endroit, c’est assez récurrent, cela va donc jouer sur les récepteurs sensoriels à la douleur. Ensuite, la partie excitomotrice, ce sont des courants qui vont déclencher des contractions musculaires. »
La rééducation grâce aux électrodes
La principale utilité de l’électrothérapie dans une rééducation est qu’elle permet de minimiser puis de soulager la douleur en améliorant le bien-être. Chaque programme est donc adapté aux besoins du patient. L’électrostimulation peut être appliquée sur une zone très spécifique ou au contraire cibler une partie plus vaste du corps.
Depuis de nombreuses années, les cabinets de kinésithérapeutes utilisent eux aussi l’électrostimulation comme une véritable thérapie. C’est aujourd’hui une technique très répandue. La rééducation peut être effectuée lors d’une paralysie de naissance ou suite à un accident, pour stimuler les muscles non utilisés, et peut permettre la récupération totale ou partielle du membre lésé. « Une personne paralysée peut récupérer une partie, mais c’est différent, si celle-ci a une atteinte neurologique centrale, c’est-à-dire un problème cérébral ou de moelle épinière, par exemple suite à un AVC ou à un accident de la route » explique Bastien Keller.
« On a une application différente pour les muscles dénervés »
Bastien Keller kinésithérapeute.
En effet, une personne paralysée n’a pas un système nerveux dit sain, car il est atteint. Le recours à l’électrothérapie sera donc spécifique : « on a une application différente pour des muscles dénervés car il y a un caractère un peu dangereux, à cause des risques de brûlures », explique-t-il.
La prescription de séances d’électrostimulation pour la rééducation musculaire peut ainsi être indiquée par exemple lorsque, suite à une intervention chirurgicale, un membre est immobilisé. Ce kiné amiénois l’affirme : « pour les atteintes périphériques, sans problème d’intégration cérébrale, la rééducation est beaucoup plus simple. On utilise l’excitomoteur, courant bidimensionnel. Et il n’y a pas de risque de brûlure ».
L’utilisation correcte d’un électrostimulateur permet à la fois la prévention et le traitement de l’atrophie musculaire. Quand une blessure empêche le mouvement, les muscles impliqués dans cette lésion ne sont pas sollicités. De cette façon, l’électrostimulation permet à ces muscles de travailler sans obliger le patient à les déplacer lui-même. L’électrostimulation dite transcutanée fait partie des méthodes non douloureuses visant notamment à soulager la douleur, par exemple en rééducation. Son intensité et la fréquence des pulsations peuvent varier : « il y a toute sorte d’appareils, petits, gros et ceux vendus au grand public. Les plus utilisés sont les électrodes 2 cm sur 2 cm », nous détaille le kinésithérapeute. « Il y a aussi un type d’appareil prescrit à des gens qui ont des maladies chroniques. On le retrouve beaucoup chez des personnes en situation de handicap. On leur apprend à s’en servir. Cela fonctionne très bien sur toutes les douleurs périphériques et les douleurs chroniques, précise notre kiné amiénois.
Quelques contre-indications
Il n’en demeure pas moins qu’il existe quelques contre-indications et dangers potentiels. Certaines conditions doivent être connues et respectées rigoureusement pour Bastien Keller : « il y a des précautions à prendre : on ne met pas d’électrodes sur une peau lésée ou abîmée. Les courants unidirectionnels peuvent poser souci à ceux qui ont eu une fracture sur laquelle on a mis du matériel métallique par exemple, c’est l’une des contre-indications fortes. Enfin sur une zone où il y a une tumeur, une zone cancéreuse, on ne doit surtout pas mettre d’électrodes non plus car cela entraînerait la prolifération des cellules ».
Une méthode moderne d’entraînement
Si souvent, l’électrostimulation est le fait de placer des électrodes sur des muscles précis, qui vont agir seules, pourtant l’électrostimulation moderne diffère. Il s’agit d’une nouvelle méthode d’entraînement avec des avantages et des inconvénients. Elle doit donc être utilisée en complément du sport, pour améliorer les performances, les étirements et la récupération.
En général, ceux qui achètent des appareils sont souvent des sportifs. C’est l’argument vendeur, on recherche un effet rapide « mais ça ne remplacera jamais la contraction volontaire d’un muscle, car tout un système dans la commande motrice du cerveau vers le muscle à contracter, l’électrothérapie le court-circuite » affirme le kinésithérapeute. Il ajoute que « les sportifs l’utilisent comme une technique de récupération. L’idée, c’est de venir avec une faible intensité et de créer une faible contraction, pour éliminer les toxines accumulées pendant l’effort, c’est ça que l’on recherche, on éponge ! Les programmes sont adaptés à chaque utilisation » conclut-il.
Julie Michel
Crédit photo : Léandre Leber Gazettesports.fr