MIXITÉ : L’équitation, seul sport olympique individuel mixte
L’équitation est l’unique sport olympique permettant à hommes et femmes de concourir ensemble. Depuis 1964, ils s’alignent sur les mêmes épreuves aux Jeux Olympiques.
Les femmes représentent plus de 80% des licenciés à la Fédération française d’équitation. Voilà donc l’un des rares sports très majoritairement féminin en France. Pas étonnant en conséquence qu’il y ait une mixité totale en compétition. Le sport équestre tient une place à part en ayant été inséré aux Jeux Olympiques où hommes et femmes s’affrontent dans les mêmes épreuves : le saut d’obstacles, le dressage et le concours complet. Mais cette mixité n’a pas toujours coulé de source…
Un peu d’histoire…
Les femmes n’ont eu l’autorisation qu’en 1930, avec l’adoption d’une loi en France, de porter des pantalons pour monter à cheval. Suite à cela, en 1952, à Helsinki, elles sont pour la première fois autorisées à participer à des compétitions olympiques dans la catégorie dressage. Une Danoise, Lis Hartel, y remporte la médaille d’argent en individuel. Rebelote pour cette même cavalière lors des JO suivants, en 1956, à Stockholm, dans l’épreuve du saut d’obstacles. Cependant, la féminisation de ce sport tarde : intégrer les femmes dans un milieu très masculin n’est pas si simple.
C’est finalement depuis 1964 que les femmes peuvent prendre part à toutes les épreuves d’équitation, faisant de la discipline l’unique sport mixte des Jeux Olympiques. L’équitation se démocratise, simultanément, avec l’ouverture de centres équestres et notamment de poneys-clubs qui permettent aux enfants de pratiquer les sports équestres, parfois dès l’âge de 4-5 ans. De nos jours, les cavaliers sont essentiellement des cavalières, femmes et adolescentes.
Hommes et femmes égaux… avant de devenir parents
Trois disciplines sont donc au programme des sports équestres aux Jeux Olympiques : le dressage, le concours de saut d’obstacles ou CSO, et le concours complet d’équitation ou CCE. Les compétitions de saut d’obstacles restent à dominante masculine à haut niveau, alors que les compétitions de dressage sont majoritairement féminines, y compris aux JO. Une cavalière amiénoise n’en a d’ailleurs pas que de bons souvenirs, à cause « d’une rivalité évidente entre filles et garçons. Cependant, au-delà de ça, il y a une certaine compétition entre tous. Je trouve que parfois c’est un peu malsain. Disons que, selon moi, c’est écraser pour mieux régner » explique Eloise Lequeux, 23 ans, ancienne compétitrice amateure originaire de l’Oise.
Tandis que d’autres cavaliers eux trouvent que l’égalité homme-femme est une bonne chose, notamment dans les parcours olympiques. « L’important, dans les différentes disciplines équestres, c’est la relation que l’on entretient avec son cheval. Des femmes ou des hommes peuvent avoir une meilleure relation que d’autres, cela dépend vraiment de ça. Nous imposons nous-même les limites à nos chevaux » explique Bastien Commecy, cavalier professionnel et propriétaire de l’écurie qui porte son nom à Talmas au nord d’Amiens (Somme). Les vrais atouts de l’équitation sont vraiment la mixité qui permet d’inciter d’autres disciplines à faire la même chose, notamment pour les sports olympiques.
Pour Agnès Bonneaud, cavalière en compétition dans les années 80-90 pendant près de dix ans, « l’équitation amène une vraie égalité homme-femme dans les épreuves olympiques. C’est le seul sport où hommes et femmes font les mêmes compétitions, sans compter les catégories mixtes comme en voile. Ce qui compte réellement, c’est le résultat. Le genre n’entre pas en jeu dans la finalité du concours. Je n’ai jamais trouvé qu’il y avait du favoritisme. » Voilà donc un sport dont la mixité est l’essence même. « La seule différence qui se fait sentir, précise Agnès c’est quand on prend de l’âge. Certaines femmes ont des enfants et arrêtent souvent la compétition à haut niveau, mais c’est ce qu’il se passe un peu dans tous les sports. Alors que les hommes devenant pères, eux, continuent » conclut-elle. Toutes les injustices ne sont donc pas encore totalement résolues…
Julie Michel
Crédit photo : Reynald Valleron Gazettesports.fr