PORTRAIT – Dimitri Durier : Le speaker se pique au jeu
Sa voix et son entrain sont bien connus des Amiénois supporters des handballeurs de l’APH ou des volleyeurs de l’AMVB. Mais qui sait ce qui anime vraiment Dimitri Durier ?
On dit du public, au foot, qu’ils est le 12e homme… Quand l’Amiens Picardie Hand et l’Amiens Métropole Volley-Ball évoluent à domicile, Dimitri Durier devient sans souci le 8e et le 7e homme ! Pourtant, c’est au basket que cette figure incontournable du Coliseum depuis une quinzaine d’années, a fait ses gammes. « Mon frère, Bernard Henry, qui est le gardien du stade de la Licorne, m’a fait faire mes débuts. » Basketteur, Bernard Henry a écumé les parquets de la région et au-delà dans les années 1990, portant notamment les maillots de Longueau et d’Amiens. « C’était à l’occasion d’un tournoi européen de basket jeunes, il y a une vingtaine d’années, à la Hotoie. Il avait besoin de quelqu’un pour animer l’événement, ce qu’il faisait un petit peu, mais il n’avait pas que ça à gérer » se souvient-il.
Le basket, il est en fait tombé dedans très jeune et pas seulement par mimétisme avec son grand frère : « j’ai eu la chance de côtoyer Aniela Kaczmarow (NDLR : basketteuse professionnelle polonaise arrivée à Amiens dans les années 1970), qui a fait les beaux jours de l’équipe féminine amiénoise. Et qui est la maman de l’ancien joueur de Pro A Nicolas Kaczmarow (NDLR : âgé aujourd’hui de 39 ans, cet ailier fort né à Amiens a joué au Mans puis à St Quentin, en Pro B, avant de finir sa carrière à St Brieuc). »
Speaker à tout faire
Le petit frère attrape simultanément le virus du basket et du micro ! Son aisance et « [sa] passion pour le sport » l’amènent rapidement à nouer le contact avec Sacha Kalisa, ancien hockeyeur des Gothiques et responsable des animations au Coliseum. Dimitri Durier commence par animer la retransmission sur grand écran d’un match du XV de France, à la Coupe du monde de rugby. Et une fois le micro bien en main, il ne va plus le lâcher. Il devient le speaker à tout faire des animations au Coliseum, passant avec bonheur du gymnase à la piscine, sans oublier les deux patinoires, « par exemple avec les animations pour les familles le dimanche matin, le balai-ballon, les Gothiques aussi, mais je ne pouvais pas m’engager pour la saison complète de hockey. »
C’est vrai qu’il lui faut… de l’animation ! « Faire de la radio aurait pu m’intéresser mais je n’aime pas faire toujours la même chose » reconnaît ce touche-à-tout, pas trop fan des figures imposées et attaché à son indépendance. De toute façon, son emploi du temps est déjà bien rempli. « En 2005, j’ai été embauché à la ville d’Amiens, comme animateur au service Jeunesse. Depuis huit ou neuf ans, j’ai une mission à laquelle je tiens, autour de l’enfance et du handicap, au centre Réaumur. Et j’ai commencé à faire régulièrement des animations au Coliseum en 2006. »
Le stade de la Licorne n’est pas loin… « J’ai remplacé Jérôme Jean sur des rencontres de Ligue 2 et de National de l’ASC et aussi eu la chance d’être le speaker de l’AC Amiens lors de ses matchs de Coupe de France à la Licorne. » Mais c’est surtout l’APH qui va faire vibrer Dimitri Durier « très impliqué dans le hand depuis dix ans. J’ai une relation particulière avec les co-entraîneurs Julien Richard et Yuri Petrenko. » Pour Julien Richard, « c’est clairement grâce à Dimitri qu’il y a une bonne ambiance à chaque match. Il a la passion du hand. » Et le coach remercie le speaker « pour son investissement. » Pas étonnant que son « plus grand souvenir, c’est tout le parcours en 2014/15 quand l’APH est devenu champion de France de Nationale 2 : la grande finale avait lieu à la halle Carpentier, à Paris. J’y étais comme simple supporter, mais c’était l’apothéose de la saison… »
Je suis un lien (…) qui peut aider les joueurs à se surpasser
Dimitri Durier
Quelque part entre les joueurs sur le terrain et les spectateurs dans les tribunes, il se pose en adepte du sport-spectacle. « J’aime beaucoup quand les arbitres, au hand comme au volley, viennent me dire qu’ils sont surpris par l’ambiance à Amiens. » Car il le prend aussi pour lui, lui qui a « l’impression de faire un peu partie du spectacle : je propose des animations pendant les temps morts. Je suis un lien. Le fait de stimuler le public peut aider les joueurs à se surpasser. Regardez l’ambiance, avec en plus les deux fanfares, quand l’APH a réussi récemment à battre sur le fil le leader Hazebrouck ! L’harmonie entre joueurs, public, entraîneurs, c’est ça qui est beau ! »
Maintenant, 2022 est bien partie pour marquer un tournant dans la vie et dans la carrière de Dimitri Durier. Il y a un mois, il a posté une vidéo sur ses réseaux sociaux pour annoncer qu’il n’allait plus s’occuper des animations au Coliseum, mais conserver simplement celle des matchs de hand, ainsi que le volley, au gymnase de l’avenue de la Paix. « J’ai voulu remercier tout le monde, à la patinoire, à la piscine, parce que seize ans, ça crée des liens » dit-il, la voix soudain moins assurée que d’habitude.
Mais Dimitri Durier ne va pas mettre son micro sur off : « je suis un amoureux du sport, un passionné. Je me lance toujours des objectifs, comme reprendre des essais à Paris, qui ont été mis en standby par le Covid. Je veux continuer ce que j’aime toujours autant faire et comme je reste très attaché au basket, je rêve d’être le speaker du All Star Game (NDLR : show organisé à l’Accor Arena qui oppose chaque année les meilleurs joueurs français et étrangers). Et pourquoi pas un jour le Stade de France, avec une équipe de France, les Bleus du foot par exemple… »
Sur un plan personnel, il sent venue l’heure de se poser : « je m’intéresse de plus en plus à la culture. Je redécouvre Amiens depuis que j’ai visité Rome : je me suis rendu compte à quel point une ville pouvait posséder des trésors. Et depuis huit mois, je suis surtout dans un projet personnel, familial. J’ai rencontré Nathalie. On a envie d’avancer ensemble, j’ai 47 ans, elle en a 42. Mon rythme de travail ne lui pose pas de problème, au contraire, elle me soutient » apprécie celui dont le paradoxe, alors qu’il adore travailler auprès des enfants, est de ne pas en avoir. “Mais tous les enfants dont je m’occupe au boulot sont mes enfants.”
Vincent Delorme
Crédit photos : Kevin Devigne et Léandre Leber Gazettesports.fr