LE LANGAGE DU SPORT DÉCRYPTÉ – Cyclisme : faire de la patinette

Le cyclisme est certainement le sport qui possède le jargon le plus fleuri. Parmi les dizaines d’expressions utilisées dans le peloton, arrêtons-nous sur celle évoquant le coureur qui « fait de la patinette ».

Avril est là. Si la météo est redevenue hivernale, la saison cycliste entre dans le vif du sujet. Chez les pros, après le Tour des Flandres et l’Amstel Gold Race, bientôt Pâques et Paris – Roubaix. Et le week-end prochain également, le club de Rivery mettra les petits plats dans les grands plateaux. Pour organiser samedi 16 et dimanche 17 avril à Vaux-en-Amiénois une importante épreuve pour les jeunes*.

Denis Bocquillon est le président de Rivery Sports Cyclisme Amiens Métropole, il revendique fièrement la place de « premier club de l’agglomération avec ses 88 licenciés. Et premier dans la Somme pour les résultats FFC. » Quand on commence à lui parler du jargon du peloton, il affiche un large sourire. « J’ai cinquante ans, ça fait trente ans que je suis dans le vélo. Et c’est sûrement le sport qui a le jargon le plus développé. Les anciens m’ont transmis leur jargon, mais les jeunes, je l’entends dans mon club, créent aussi leurs propres expressions. »

Des expressions imagées

L’expression « faire de la patinette » ? « C’est se mettre dans la roue d’un ou de plusieurs coureurs et profiter de l’aspiration » explique Denis Bocquillon. Une façon d’économiser ses forces pour le coureur fatigué, quand la route est encore longue. Ou aussi dans certains cas de tenter de tromper ses adversaires en faisant mine d’être « dans le dur » – expression pas propre au cyclisme même si elle y est très utilisée – avant d’attaquer, pour fausser compagnie au peloton ou à ses compagnons d’échappée.

« Le coureur qui va en abuser va se faire repérer » ajoute Denis Bocquillon. Cette pratique peut alors lui valoir quelques inimitiés dans le peloton, car si rien ne l’interdit, elle n’est pas appréciée quand elle est trop fréquente. « Entre coureurs, les choses se savent vite. Et ils sont aussi les premiers à se refiler les infos sur les uns et les autres » constate-t-il, à la tête d’un club dont l’école de vélo compte 36 licenciés.

« Et il ne faut pas confondre faire de la patinette avec être en chasse-patate » précise le président de Rivery Sports Cyclisme Amiens Métropole. Le chasse-patate décrit un coureur ou un groupe de coureurs intercalés, à l’insu de leur plein gré, entre le peloton et une échappée, le plus souvent. Une position généralement peu enviable qui laisse très peu de chance de victoire.

Tandis qu’après avoir fait de la patinette, le coureur peut tout-à-fait avoir son mot à dire dans le final de la course. Sauf s’il a la pancarte, auquel cas le peloton ne lui donnera pas de bon de sortie. Et voilà deux autres expressions issues de ce jargon cycliste si imagé.

*Coupe de France minimes et cadet.te.s, venus de 18 départements de la moitié Nord du pays, sur un circuit de 8,6 km pour le contre la montre le samedi et de 6,3 km pour la course en ligne dominicale.


Vincent Delorme
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports

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