ÉDITO : Le parcours des combattants
Amiens qui monte en Fédérale 2 de rugby, c’est la récompense après un vieux serpent de mer. Et un petit bol d’air du Nord aussi, en Ovalie…
Le RC Amiénois en Fédérale 2, à l’issue de cette éreintante saison, seuls ses plus fervents supporters y croyaient encore ! Tellement décrocher l’accession est compliqué. Songez que même terminer premier de poule, en Fédérale 3, ne suffit pas… D’ailleurs, dans sa poule 2, le RCA, 2ème de la saison régulière, décroche donc le jackpot plutôt que le premier, Gretz-Tournan-Ozoir-la-Ferrière, battu en phase finale puis en barrages.
Les joueurs de Martin Saleille, qui débutaient brillamment ces matchs aller-retours en sortant Strasbourg en 32èmes de finale, butaient ensuite à deux reprises sur Saint-Malo. Là, on se disait que c’en était fini des chances amiénoises mais c’était sans compter sur une ultime possibilité : des barrages d’accession, là encore en matchs aller-retours. Mais dans son stade Charassain contre Maisons-Laffite, le RCA débutait bien mal ce face-à-face de la dernière chance, en s’inclinant de sept points. Décidément, le ballon ovale ne voulait toujours pas tourner rond pour les Amiénois…
Le RCA élu au dernier tour
Jusqu’à ce dimanche 12 juin où, sur le terrain de leurs adversaires franciliens, les rugbymen samariens devaient d’une, gagner et de deux, avec huit points d’avance minimum. Et le RC Amiénois a été élu au bout du bout du dernier tour. Il restait une minute à jouer à peine, le score était de 18-16 pour Amiens, autrement dit insuffisant, quand Timothée Gentien marquait l’essai de l’espoir. Avant que Clément Bamière passe la transformation du grand bonheur !
La montée récompense tout un groupe comme elle referme aussi la page de décennies de déceptions, tellement la montée en Fédérale 2 était évoquée depuis longtemps mais souvent comme un lointain objectif. A fortiori à l’époque pas si reculée où le RCA faisait l’ascenseur entre Fédérale 3 et Honneur.
Non, le rugby n’est pas que le sport du Sud !
« Amiens dans les 200 meilleurs clubs français, c’est la moindre des choses ! » a souligné l’un des héros du match décisif, Timothée Gentien. Tout ça pour ça... Et pour si peu, serait-on tenté d’ajouter… Quand on sait qu’au foot, Amiens a figuré de 2017 à 2020 parmi les 20 meilleurs. Oui, mais au nord de la Loire le rugby devient vite confidentiel, si l’on excepte la région parisienne où les moyens du Stade Français et du Racing 92 ont permis à ces deux clubs de perturber l’hégémonie sudiste.
Alors ne boudons pas notre plaisir car pouvoir désormais un peu mieux situer Amiens sur la carte de l’Ovalie démontre que non, le rugby n’est pas que le sport du Sud(-Ouest) ! Le RCA est le club le plus septentrional parmi les 24 promus cette année en Fédérale 2, mais les Bretons de Saint-Malo – tiens, tiens -, les Jurassiens de Lons-le-Saunier ou encore Versailles montrent que, oui, le XV a ses adeptes et des résultats loin de son berceau historique.
Reste à savoir si, comme le veut la formule consacrée, le plus dur commence à présent pour les jaunes et bleus, à un niveau où les choses se professionnalisent. On ne sait pas si, à ce sujet, on doit se réjouir ou se désoler du fait qu’avec la création d’une Nationale 2, entre la Nationale 1 et la Fédérale 1, Amiens atteigne (seulement) enfin le 6ème niveau du rugby français. Ce qui était déjà le cas quand il évoluait en Honneur…
Vincent Delorme
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports