FOCUS CLUB : Le football féminin amateur mis en avant par Saint-Fuscien

L’entraîneur de l’équipe féminine de l’ES Sains – Saint-Fuscien, Dimitri Avril, les coache avec l’espoir qu’elles progressent encore. Persuadé que les femmes ont leur place dans le football, il se bat pour étoffer ses équipes.

Dimitri Avril a 32 ans et s’occupe des féminines de Saint-Fuscien depuis 6 ans. Commençant avec quatre filles, notamment des mamans, dans un but ludique, il a décelé leur potentiel et créé une équipe. Réussissant à accueillir plus de joueuses, il a pu composer sa première équipe de 8 filles, puis par la suite former une deuxième équipe. Le club est celui de la Métropole où le nombre de féminines est le plus élevé. Dimitri Avril espère d’ailleurs que ces équipes vont continuer à se développer, à les amener le plus loin possible dans le jeu et pourquoi pas un jour, former une équipe de 11.

Pouvez-vous nous présenter votre club et ses équipes féminines ?

Lorsqu’on a composé notre première équipe féminine, on a perdu notre premier match 21-0. Mais les filles n’ont jamais rien lâché. J’ai recruté du monde par la suite et elles se sont améliorées de séances en séances. Le club a un esprit très familial. J’ai deux équipes féminines avec un bon niveau et qui progressent encore. Nos équipes sont vraiment complètes et on est prêt à accueillir encore d’autres filles. Toutes celles qui veulent jouer au football joueront avec nous, elles sont les bienvenues. 

Lors de notre premier match, quand on a vraiment perdu de loin (sic) je me suis dit que ça allait être compliqué. Puis finalement, avec de l’entraînement, on a commencé à gagner, puis ça c’est enchaîné. Maintenant, on gagne, on perd, c’est le jeu, c’est le football. Mais, la particularité avec les filles, c’est qu’elles ne lâchent jamais rien et même quand c’est compliqué. Elles ont une super mentalité ! Et le petit plus de notre club, c’est que l’on n’est jamais en manque de filles. Quand une part, une autre arrive derrière, c’est top ! 

Les U11 et U10 à st Fuscien, sont des équipes mixtes. Il y a des filles qui jouent au football avec les garçons, et elles viennent ensuite en équipe féminines en séniors. Je dis aux filles de jouer avec les garçons jusqu’à leurs 15 ans, pour qu’elles progressent davantage et à partir de 16 ans elles viennent avec les filles exclusivement. 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de les entraîner ?

Au départ, c’était un défi pour le club. On m’a donné cette responsabilité-là et je l’ai acceptée. C’est vrai qu’au début, ce n’était pas facile car le football féminin est un milieu très fermé. Mais grâce à la Coupe du Monde en 2018, quand la France a gagné, cela a attiré beaucoup plus de filles au club. Avant j’entraînais des garçons, mais je préfère entraîner les féminines car elles apprennent très rapidement, elles ont toujours la joie de vivre et elles sont toujours très attentives aux consignes. Mercredi, c’était mon dernier match, j’arrête d’entraîner les filles pour raison professionnelle. Mais deux autres personnes vont prendre le relais et j’ai confiance en elles, elles iront loin. Ça fait six ans que je me bats pour elles, je reviendrai peut-être plus tard. Je laisse le flambeau à Simon Laurent et Margaux Louchet, ils feront de belles choses avec les filles. 

Sans le président du club, rien ne serait possible. Je tiens donc à féliciter et remercier Thierry Levrel. C’est entièrement grâce à lui que l’on a une équipe féminine. Il a cru en nous et en notre projet. Et peu de personnes croient en ce genre de projets. Il est super investi et c’est important d’avoir un président aussi passionné et compréhensif. 

Quels ont été leur parcours et leurs résultats de la saison ?

On a deux équipes donc deux groupes de féminines. L’équipe B se classe 5ème sur 9 et l’équipe A, elle, 3ème sur 9. Je pense qu’elles ont largement les moyens de progresser, donc on va continuer de travailler pour obtenir des résultats encore meilleurs. Mais je suis très satisfait de leur saison, elles ont tout donné.

Quels sont vos prochains objectifs avec cette équipe ?

Pour l’année prochaine, pour finir dans le top 3 du classement, l’équipe B va être renforcée et tenter d’être première sera l’objectif pour l’équipe A. On veut gagner le championnat et faire un parcours en Coupe de Somme. Cette année, on perd en 8èmes de finale, donc l’année prochaine, on prendra notre revanche en essayant de monter encore plus haut.

Equipe B féminine de St Fuscien avec leur coach, Dimitri Avril.

Quelle est la différence avec une équipe masculine qui joue à 11 ?

Nous, on ne joue pas à 11 car dans le département, les déplacements c’est pour aller à Calais ou faire minimum 1h30 de route et on n’a pas assez de moyens encore. Dans la Somme, pour faire un championnat amateur à 11, on affronterait l’Amiens SC ou le FC Porto et on n’a pas encore le niveau pour cela. Mais avec notre équipe de 8 on joue quand même jusqu’à St Valery-sur-Somme et c’est pas mal pour un début. Ce sont des petits terrains, donc je pense que les filles prennent plus de plaisir. Après, si un jour on a le niveau et les moyens de jouer à 11, pourquoi pas…

Qu’est-ce que vos équipes féminines ont en plus ?

Nous, à St Fuscien, on a vraiment ce côté famille. Tous les membres du club ont toujours le sourire. On a 32 féminines en tout, alors que dans n’importe quelle équipe, elles sont à peine 10. C’est rare d’avoir un club avec autant de filles et je pense que ça fait vraiment la force de notre club.

J’espère qu’avec la Coupe du Monde (NDLR : masculine en fin d’année), on va pouvoir recruter encore plus de filles pour peut-être un jour pouvoir prétendre faire une équipe à 11 ou même une 3ème équipe de 8. On essaie de prendre un maximum de filles qui veulent jouer. Notre but est que les filles prennent du plaisir et qu’elles progressent, c’est vraiment plaisant à voir. 

Quel intérêt avez-vous trouvé à promouvoir ainsi le sport féminin ?

Le football, c’est un sport, de base, de macho et j’ai tout fait pour retirer tout ce côté-là dans le club. Les garçons viennent jouer avec les filles, ils viennent même les soutenir pendant leurs matchs. Dans le club, tout le monde se soutient, c’est important. Cela amène plus de personnes qui se déplacent pour regarder les matchs. C’est vraiment un monde de garçons et on le révolutionne depuis six ans et on espère que ça continuera comme ça. Et je pense que ce n’est que le début, les mentalités ont changé et continuent d’évoluer.

Julie Michel
Crédit photos : Léandre Leber Gazettesports.fr

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