SPORT SANTÉ : Un bus anti-sédentarité roule dans la Somme
Le Mobil’Bus Sport Santé est une salle de sport ambulante, appelée à sillonner la Somme. Lancé par l’association Profession Sport et Loisirs 80, il part à la rencontre des habitants des zones rurales en manque d’activité physique.
L’été, la circulation est chargée sur les axes de départs en vacances mais plus fluide sur nos routes de campagne. C’est la période choisie pour présenter le Mobil’Bus Sport Santé. Inauguré devant la Maison des Sports d’Amiens, cet ancien bus francilien de la RATP, acquis par l’association Profession Sport et Loisirs 80 en 2021, a été complètement réaménagé. À tel point qu’il ressemble aujourd’hui à une salle de sport pouvant accueillir jusqu’à huit personnes simultanément, grâce à ses trois vélos, son vélo semi-allongé, trois espaces de renforcement musculaire, une plateforme d’équilibre et deux espaces de poulie thérapie.
« Thérapie », le concept correspond d’ailleurs bien à la philosophie du projet, qui s’adresse notamment aux personnes atteintes de pathologies et à qui une activité physique est conseillée. « Juillet est la phase de test, explique Virginie Mouzon, la directrice de l’association Profession Sport et Loisirs 80. Nous allons notamment sur la Côte picarde, à St Valery-sur-Somme où il y a en plus en filigrane un projet d’accompagnement par les associations locales, ainsi que la construction d’une salle multisport pour 2024. Et dans le Santerre car il s’agit également d’accompagner les initiatives locales et de redynamiser le territoire. »
Les utilisateurs ont à payer « une somme résiduelle, qui n’excède pas 5 € la séance maximum. Un coût réduit car certaines communautés de communes mettent la main à la poche pour en prendre en charge une partie. » En revanche, il faut prendre rendez-vous : « il suffit de flasher le QR Code qui se trouve sur le bus. La presse locale, les partenaires de santé peuvent aussi orienter les personnes. Et il y a de toute façon un accueil au niveau du bus » précise la directrice.
Autre bonne surprise en montant à bord, même quand il stationne en plein soleil : la chaleur y est supportable. « On a un système de covering (NDLR : un flocage spécial pour les véhicules) micro-perforé et des stores qui protègent du soleil. Pas besoin de laisser tourner le moteur pour mettre la clim ! Et en plus il roule au gaz, donc il n’est pas polluant » souligne Virginie Mouzon, soutenue par Margaux Delétré, vice-présidente du Département de la Somme en charge de la Culture et du Sport, satisfaite de savoir que cette initiative « mêle en plus sport et respect de l’environnement. »
« Au volant de ce bus labellisé Maison Sport Santé, un éducateur sportif » précise Hélène Lelièvre, responsable de la Maison des Sports. Un éducateur titulaire d’un Master Ingénierie de la Rééducation, du Handicap et de la Performance motrice. Associé à Estelle Boëtte, éducatrice sportive et enseignante et connue jusque là dans l’agglomération amiénoise pour entraîner les footballeuses de Longueau, en Régional 2.
« Mettre plus de sport dans le quotidien des Samariens »
« Les choses ne s’arrêtent pas à ce simple rendez-vous dans le bus, poursuit Hélène Lelièvre. Il y a création de lien social, par exemple pour permettre de retrouver un travail, tout dépend des besoins des personnes. Et pour le Conseil départemental de la Somme, l’initiative est d’autant plus importante qu’elle s’inscrit dans la politique de sport santé, développée grâce au réseau des Maisons Sport Santé. On en compte sept pour l’heure sur le territoire. Et l’opération est également en lien avec le label Terre de Jeux, même si elle continuera après 2024. En attendant, notre objectif est de mettre plus de sport dans le quotidien des Samariens, en allant vraiment chercher, avec le Mobil’Bus Sport Santé, celles et ceux qui sont éloignés de la pratique sportive. Le bus est un outil pour qu’après, idéalement, les territoires, les clubs et associations sportifs s’emparent de la problématique. »
Autrement dit, ce bus doit servir… de locomotive, en lien avec le Comité olympique et sportif de la Somme (CDOS) et en sachant que la compétence réelle est portée par la DRAJES (Direction régionale académique à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports) et l’ARS (Agence régionale de Santé) : « il y a un engouement déjà perceptible. Un financement de 10 000 € a été mis en place par le biais de l’appel à projets. Une subvention sera par ailleurs reconduite. L’association Profession Sport et Loisirs 80 a également candidaté à un appel à projets de la Région Hauts-de-France pour lequel elle a obtenu 25 000 €. La direction de la communication du Département a aussi oeuvré pour le visuel » ajoute la responsable de la Maison Sport Santé d’Amiens.
Ne pas faire d’activité physique tue
« En tant que sportifs, nous avons la chance d’accéder facilement à tout le matériel et aux équipements pour nous entraîner », reconnaît Enzo Tesic. Le nageur amiénois, qui a pris part aux JO de Tokyo il y a un an, est l’un des deux parrains de l’opération. Et il sous-entend qu’avec ce bus, ce sont les équipements qui vont à la rencontre du public. Avec son partenaire de l’Amiens Métropole Natation Mewen Tomac, récent 5ème des Mondiaux de Budapest au 200 m dos, qui explique simplement, lui, « faire du sport pour se sentir bien. »
Ce qui est élémentaire… Mais quand on sait, comme l’indique Virginie Mouzon, que « dans les Hauts-de-France, la sédentarité provoque une mortalité supérieure de 20% à la moyenne nationale », alors que seulement 5% de la population française aurait une activité physique suffisante, on comprend tout l’intérêt pour les habitants et tout l’enjeu en matière de santé publique. Et comme, selon l’INSEE, l’espérance de vie en bonne santé en France coïncide avec le probable futur âge légal de la retraite, on a le sentiment qu’il ne faut surtout pas tarder pour se dire « à plus dans le bus ! »
Vincent Delorme
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports