MIXITÉ : Le monde de l’ovalie se féminise
Depuis plusieurs années, le rugby féminin se développe à vitesse grand V. Au Rugby Club Amiénois, femmes et hommes sont considérées au même niveau.
48. C’est le nombre de licenciées au Rugby Club Amiénois. Recréée depuis quelques années maintenant, l’équipe féminine est partie d’un tout petit effectif. « On a vraiment vu un engouement ces deux dernières années, le collectif s’est bien étoffé. On est passé d’une vingtaine de licenciées à plus de 45 aujourd’hui », assure Marion Puiraveau, responsable du staff féminin senior. Grâce, entre autres, aux résultats des équipes de France masculine et féminine, le rugby se démocratise davantage et attire de nombreuses femmes.
Mais certaines inégalités existent tout de même, notamment au point de vue salarial. « Au niveau national bien entendu qu’aujourd’hui il y a encore un énorme chemin à parcourir pour les effectifs féminins, pour avoir une capacité de développement similaire à celle des garçons. Mais ça vaut dans la majorité des sports collectifs, on le voit dans le football, mais ça commence à venir, on voit vraiment un vrai changement depuis quelques années, il faut espérer maintenant que ça aille encore plus vite », ajoute la coach amiénoise.
Au niveau local, le club samarien fait tout pour loger les deux genres à la même enseigne, comme le confirme Lucie Jacquet-Malo, licenciée au RCA : « Actuellement on a un club qui nous soutient beaucoup, on ne sent pas beaucoup de sexisme dans notre club ». Contrairement à certains clubs, où « les féminines sont complètement abandonnées, on n’a même pas de vestiaire, on doit aller dans les clubs d’athlétisme pour pouvoir être accueillies. Nous ici, ce n’’est pas du tout le cas, on a toujours ce qu’il faut », explique Manon Lenoir, 17 ans.
Des techniques différentes
Les entraînements de rugby sont mixtes jusqu’à l’âge de 13 ans. Mais les effectifs féminins étant réduits, les adolescentes changent de sport. L’objectif est donc de pouvoir garder ces licenciées. Mais la majorité des joueuses démarre à partir de 18 ans. Au niveau du jeu, les féminines se basent davantage sur le jeu à la main, même si le jeu au pied se développe au fil des années. « Même si ça tend à changer, depuis quelques années le jeu au pied chez les féminines se développe de plus en plus, on a de plus en plus de joueuses, comme au football, qui ont une pratique du pied qui est beaucoup plus développée, et plus technique qu’il y a dix ans en arrière. Quand j’étais joueuse, une seule ou deux étaient capables de botter. Aujourd’hui, on a beaucoup plus de joueuses capables, qui viennent s’entraîner, et on a vraiment vu une montée en compétence dans ce domaine-là », raconte Marion Puiraveau.
Même acabit pour la pédagogie. « On n’a pas du tout la même approche, et pas du tout la même manière d’expliquer les choses. Il faut savoir expliquer les choses différemment, une personne qui n’a jamais pratiqué le rugby et qui ne connaît pas les fonds techniques, parce qu’elle n’a pas commencé toute jeune, et n’a pas certains automatismes, on va assez naturellement devoir expliquer les choses différemment. L’effectif a souvent aussi besoin de savoir pourquoi on va appliquer telle ou telle méthode, tel plan de jeu », relate la technicienne samarienne.
Quant à la question de savoir où les licenciées voient le rugby féminin tricolore dans une dizaine d’années, Lucie, Manon et Marion sont toutes d’accord : l’équipe de France sera championne du monde. Mais au niveau de la région, la coach picarde espère garder les jeunes joueuses qui pourraient alimenter le groupe senior par la suite, et pouvoir intégrer un championnat plus local, plutôt que de « bouger en région parisienne ».
Découvrez le reportage vidéo réalisé par nos équipes
Romain Ales
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports
Montage / réalisation : Valentin Delaby
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