EDUCATION AUX MEDIAS : Fred Domon, une vie de rebonds
Lors d’une initiation au journalisme avec Léandre Leber, nous avons réalisé l’interview de Frédéric Domon, ancien basketteur professionnel. Une rencontre exceptionnelle avec « Ch’Mousse » faite d’émotion et de confidences…
Du foot au basket pour les copains
Quand il était jeune, Frédéric Domon aimait bien jouer au football, même s’il déclare qu’il était un peu nul. Mais tous ses copains jouant au basket, il a décidé de les rejoindre pour passer plus de temps avec eux et c’est ainsi qu’il a commencé à 14/15 ans le basket au club de l’US Boves en U15. « A la base, c’était pas franchement une passion, c’est devenu très vite une passion. » nous confie-t-il.
« Je n’ai jamais imaginé vivre du basket »
A l’école, Frédéric Domon travaillait juste assez pour ne pas se faire gronder mais il a toujours préféré le sport. A l’époque déjà, il était très grand : en CM2, il faisait 1,85m ( ! ) et, au collège, les autres se moquaient de lui à cause de sa taille. Il voulait devenir garde forestier et n’aurait jamais imaginé vivre du basket.
« Les centres de formation sont votre maison »
Après ses débuts au club de Boves, il est pourtant allé au centre de formation à Nancy en U19 à la demande de ses parents. Il évoque avec nous les critères de sélection physique pour jouer en équipe professionnelle : « il vaut mieux être grand mais je trouve dommage qu’on regarde plus la taille que le talent, il faut aussi des petits pour équilibrer l’équipe ». A propos des centres de formation, Frédéric Domon nous explique : « Les centres de formation sont votre maison pendant quelques mois ; à l’issue de cette période, on vous teste et, à la fin de celui-ci, il n’y a que 10 % qui partent en professionnel, les 90 % poursuivent leurs études et perdent leur rythme de vie facilité, ils se retrouvent sans perspectives ni aides venues de l’extérieur ». Fred nous relate aussi le quotidien des joueurs professionnels : entraînements tous les jours, matchs, régime alimentaire, sommeil… et très peu de jours de repos !
En route pour une belle réussite
En tant que joueur professionnel, il a commencé à Nancy en 1980, club qu’il a quitté en 1991. Il a joué ensuite à Pau-Orthez où il a gagné un titre de champion de France et deux coupes de France. Plus tard, il a intégré l’équipe d’Antibes (entre 1993 et 1997) où il a remporté également un titre de champion de France.
Il mettait beaucoup de paniers même si ce n’était pas sa spécialité puisqu’il avait plutôt un rôle défensif et jouait souvent en temps qu’ailier ou pivot. En un seul match de pro A, il a tout de même réussi à marquer 38 points, son record personnel ! Sa carrière professionnelle a duré 20 ans et, cerise sur le gâteau, il fut sélectionné en équipe de France à 33 ans.
Equipe de France : « J’ai atteint le Graal ! »
Représenter la France reste l’un de ses plus beaux souvenirs ; témoignant de sa première sélection en équipe de France en 1995, il déclare avec émotion : « vous ne pouvez même pas imaginer, ce que représente la Marseillaise, là tu te dis, j’ai atteint le Graal ». De même, le rôle de porte-drapeau lors d’une coupe d’Europe l’a particulièrement marqué.
Du bruit des bombes au lancer de briquet !
La carrière professionnelle de Frédéric Domon a été ponctuée de très nombreux voyages notamment en Turquie, en Lituanie, en Ukraine, en Israël et en Autriche. Elle est également riche en anecdotes très variées : ainsi, le basketteur a joué à Belgrade en pleine période de guerre en Yougoslavie et, depuis son hôtel, il entendait le bruit des bombes.
Lors d’un match contre la Grèce à Athènes, son équipe a gagné. Les supporters locaux n’ont pas beaucoup apprécié leur défaite, leur lançant des briquets, des pièces, des crachats ; ils ont voulu pénétrer sur le terrain pour les frapper. Lui et ses coéquipiers sont restés sous protection policière pendant deux heures dans le vestiaire. Cela crée encore aujourd’hui des liens entre les différents joueurs.
« Des diamants dans une boîte »
En tant que joueur professionnel, Frédéric Domon ne se souciait de rien : on s’occupait de ses rendez-vous, on l’emmenait partout, « les joueurs étaient trop assistés ». L’équipe voyageait beaucoup en avion, ils avaient le kiné après chaque entraînement, c’était comme ‘’des diamants dans une boîte’’. C’est pour cela que l’après-carrière a été très compliqué, les clubs ne préparent pas à la reconversion.
Une reconversion amiénoise
Néanmoins, il lui a fallu s’adapter, commençant une carrière de coach sportif à 40 ans en 2005 : en dépit de plusieurs propositions, il a choisi le club de l’Amiens Sporting Club Basket-Ball car celui-ci lui « a tendu la main », lui permettant d’être entraîneur et directeur sportif.
Sur les cinq dernières années, le club a emmené cinq joueurs dans des centres de formation -dont son fils-. « Je veux le meilleur pour mes joueurs, je ne regarde pas la taille mais le talent » nous dit Frédéric Domon.
Un avenir dédié au basket féminin ?
Malgré son départ en retraite imminent, Fred n’a pas l’intention d’abandonner le basket, il aimerait s’occuper de l’entraînement des filles ; il nous explique qu’elles sont peut-être plus compliquées à gérer mais beaucoup plus disciplinées ! Le problème est qu’à l’ASCBB, actuellement, sur 200 licenciés il y a 200 garçons…
Frédéric Domon n’avait pas prévu cette carrière, pour autant il est fier de son parcours et, avant de rejoindre le terrain de basket pour échanger quelques paniers avec les élèves de la section sportive du collège, il nous donne en conclusion ce conseil : « Rien n’est impossible, il faut entreprendre pour réussir ! »
Frédéric Domon a partagé un petit temps basket-ball avec les élèves de la section du collège Jacques Brel de Villers-Bretonneux :
Cette interview a également été l’occasion de réaliser un reportage photo qui a remporté le 1er prix académique (catégorie Reportage photo) du concours Mediatiks du Clemi. Il est consultable ICI
Interview réalisée par : Antonin, Paul, Maëlle, Chloé, Elise, Ryan, Tom D, Jeanne, Marilou, Cécile, Nathan, Ophélie, Alessandro, Célian, Tom L, Tom L, Axel, Léa, Zoë, Enzo, Sacha, Jules, Elisa, Jade de la classe de 4A, aidés par les élèves de la section sportive basket du collège Jacques Brel de Villers-Bretonneux.
Crédit photos : Kevin Devigne et Léandre Leber – Gazette Sports
Réalisation vidéo : Léandre Leber – Gazette Sports