SPORT HANDICAP : Tirer, pointer et convivialité

Fin septembre dernier avait lieu l’incontournable National de pétanque où une dizaine de boulistes en situation de handicap rivalisaient pour grappiller des points dans l’Open de cette discipline. Retour sur cette initiative aux côtés de Benjamin Gaillien.

Alors que le national de pétanque d’Amiens, qui réunit annuellement plus de 2000 boulistes valides, se déroulait au Parc de la Hotoie, d’autres adeptes de la discipline y faisaient aussi le show. Douze compétiteurs en situation de handicap étaient présents lors de ce rendez-vous incontournable de la pétanque. 

L’ASPTT Pétanque, club de la métropole amiénoise affilié au mouvement handisport, a relevé le défi d’organiser cet Open Handisport autour de la discipline. Benjamin Gaillien, délégué départemental du comité Handisport 80 et présent lors de cette journée, nous en disait plus sur cette manifestation : “C’est un gros événement sur lequel on se repose en termes de communication. On voulait garder cette première date sur ce national au Parc de la Hotoie avant la deuxième date en janvier et la troisième en juin.”

Au programme, trois journées de compétition où fidèles des établissements médico-sociaux et individuels voulant pratiquer le week-end, se réunissent. La “compétition”, un terme suffisamment important pour le souligner puisqu’“il y a des compétiteurs qui viennent pour aller chercher la victoire ! nous confiait Benjamin Gaillien. Pour le format des Open Handisport de Pétanque spécifiquement, on a trois dates où les compétiteurs marquent des points par rapport à leurs classifications : handicap moteur debout, handicap moteur en fauteuil et handicap auditif.” Et pour déterminer un vainqueur, “le premier va marquer 5 points, le deuxième va en marquer 4 etc… Ces points-là se cumulent sur les trois journées de championnat.” 

Au-delà des trois journées, et pour viser un bon résultat, les boulistes s’entraînent corps et âme dans leur différents établissements avant ces échéances. Une manière de se fixer un objectif et de créer une dynamique dans leur structure, “ça les pousse à s’entraîner, ça fait un petit challenge. On en rigolait tout à l’heure, pour le premier match ce sont deux personnes du F.A.M (Foyer d’Accueil Médicalisé, ndlr) d’Harbonnières qui se challengent au sein de l’établissement et là ils sont sur un temps un peu plus officiel donc on appelle ça le derby du F.A.M (sic).”

Un pas vers le sport performance 

Un entraînement non négligeable pour optimiser leurs performances mais aussi pour se préparer au mieux aux distractions du jour J : “Ça ne parait pas mais la pétanque requiert de la concentration et de la précision. On peut tous jouer à la pétanque mais on n’est pas tous précis. Ne serait-ce que pour l’aspect concentration, c’est hyper bénéfique pour eux. On est dans une situation où on est sur le National d’Amiens, ça gravite autour, il ne faut pas se perdre et rester concentré sur son jeu.”

Le sérieux et la discipline que montrent les boulistes à l’occasion de cet Open soulèvent par la même occasion la question du sport performance au sein de la pratique handisport. Un constat que relevait Benjamin Gaillien à cette occasion : “Le sport en général tend vers l’inclusion vers les fédérations valides. Le handisport, à mon sens, doit aussi tendre vers ça. Si à un moment on veut du sport de performance, les fédérations valides vont nous permettre d’accéder plus facilement à celle-ci via leurs entraînements et leurs spécificités sportives.”

Enfin, et bien que ces journées soient avant tout dédiées au sport et à ce format compétitif, on y voit surtout des moments de partage entre sportifs par rapport à leur situation , “ils partagent des bons plans et ça c’est riche pour eux. On est pas qu’autour du sport, il y a des liens sociaux qui se créent autour de ces journées-là.” Bien plus qu’un rendez-vous incontournable autour du cochonnet, c’est un moment de convivialité et de bonne humeur qui rayonnait au Parc de la Hotoie en ce dimanche matin.

Kevin Devigne
Crédit photo : Louis Auvin – Gazettesports.fr