SPORT ET ENTREPRISE : Vincent Bachet, sa nouvelle vie loin de la glace
Après avoir raccroché les patins et dis au revoir à sa vie de sportif de haut-niveau à 36 ans, l’emblématique Vincent Bachet a trouvé un point de chute qui l’épanouit plus que jamais en fondant Octometha spécialiste de la méthanisation agricole.
Son nom résonne évidemment dans les têtes des supporters de hockey sur glace les plus assidus, puisqu’à son compteur, le natif de Saint-Maurice en Val-de-Marne, comptabilise 269 matchs en équipe de France. Après cette riche carrière où il a fait partie des groupes ayant participé aux derniers JO de l’équipe nationale, et même celui qui a fait chuter le champion du monde russe en 2013, Vincent Bachet a fait sa reconversion.
Après avoir eu la carrière qu’on lui connaît, Vincent Bachet s’est tourné du côté du HCAS, la partie amateur du hockey sur glace amiénois avec notamment la présence des jeunes et des féminines. « Je me suis investi dans le club, j’ai occupé un peu tous les postes au niveau de l’association. J’ai été secrétaire, trésorier, puis président. Et puis, à un moment donné, j’ai dû donner la priorité à ma reconversion professionnelle, qui n’était pas compatible avec un poste de bénévole donc j’ai cédé la place à Jean-Baptiste Ripoll. Quand j’ai pris mon poste au sein du HCAS, ce qui était intéressant, c’était la diversité de tâches à effectuer. On s’occupe aussi bien de la partie juridique que de la partie financière, que de la partie RH, du management, du recrutement, et de la partie communication. C’est mettre en musique toutes ces thématiques pour arriver à un objectif, en réussissant à embarquer des ressources autour de soi. «
Mais si ce dernier a quitté ses fonctions au sein du HCAS, la tentation de vouloir porter la discipline vers le haut était encore trop forte. Pour cause, « j’ai pas mal été au sein de la fédération avec un poste au sein de la commission de discipline. Mais c’était chronophage de devoir appeler chaque semaine pour prendre des décisions liées aux expulsions, etc. Alors aujourd’hui, je suis pleinement concentré à ma tâche, qui est de démocratiser la méthanisation agricole. » En effet, l’ex-international tricolore a trouvé sa voie. Tout commence lorsqu’il choisit le thème de son sujet de fin de mémoire à l’école de commerce d’Amiens en 2012, où son dévolu tombe alors sur : les énergies renouvelables comme revenu complémentaire pour les agriculteurs. Depuis, il n’a jamais cessé de cogiter à ce sujet et en 2023, le concerné a lancé sa société : Octometha.
Pour le rappeler, la méthanisation consiste en la dégradation, sous l’action de bactéries, de matières organiques (ou substrats) telles que les matières agricoles et effluents d’élevage (biomasse végétale, fumier, lisier), les biodéchets verts et ménagers, les déchets de l’industrie agro-alimentaire, les boues de stations d’épuration.
Soucieux de l’écologie et de la situation des agriculteurs, le nouvel entrepreneur nous déclare ses motivations : « J’ai choisi cette activité qui permet d’avoir un impact environnemental très fort, où on limite la pollution liée au stockage des fumiers à l’air libre et où on produit une énergie renouvelable, dixit Vincent Bachet. On a un impact sociétal fort puisqu’on va permettre aux agriculteurs, et aux éleveurs qui sont les parents pauvres de l’agriculture, d’avoir un revenu complémentaire qui va leur permettre de vivre confortablement de leur passion, parce que ce sont des gens qui sont passionnés. »
Ça me tient aussi à cœur parce qu’on a tous des racines paysannes. Mais c’est aussi pour la souveraineté alimentaire de la France. Actuellement il y a 200 exploitations laitières qui ferment toutes les semaines en France, c’est bien qu’il y a un problème quelque part. Et j’espère réussir apporter la solution qui permette de pouvoir apporter cette brique complémentaire à l’élevage pour qu’ils vivent correctement de leur passion.
Vincent Bachet, fondateur d’Octometha
Si l’idée séduit tous les spécialistes et les experts de méthanisation, la concrétisation de son projet prend vie puisque la première installation va être mise sur pied en 2024. « C’est une technologie qui a permis de lever de nombreux verrous sur la méthanisation de matière solide comme les fumiers, qui ne demande qu’à éclore et à se propager en France et même en Europe » se réjouit l’intéressé.
Avec cette première installation, l’ancien défenseur des Gothiques va désormais avoir de quoi séduire les futurs concernés par le biais de visites mais également en s’appuyant sur les preuves concrètes grâce aux résultats. Bien déterminé à voir son projet éclore, Vincent Bachet s’est également rapproché des acteurs importants du domaine tels que Véolia ou même les experts en méthanisation dans les banques, « puisque ce sont elles qui vont financer les installations de nos clients. Ils sont tous intéressés. »
Cet impact de dynamiser le tissu économique rural, ça me tient à cœur.
« La transition n’a pas été fluide entre le sport de haut-niveau et le retour à la vie normale. Ça a été assez violent. On a une déprime post-carrière à l’idée de se retrouver comme Monsieur tout le monde, ne plus être sous le feu des projecteurs, il y a bien eu deux ans compliqués. » Pourtant, l’ancien leader du vestiaire Gothique a trouvé sa nouvelle mission dans cette nouvelle vie loin de la glace et, bien épaulé par la BPI, l’institut polytechnique UniLaSalle de Beauvais, un comité scientifique et l’UTC de Compiègne, son projet séduit !
Kevin Devigne
Crédit photo : Théo Bégler – Gazette Sports Amiens