BÉNÉVOLAT : Eric Messiaen, le bénévolat « une leçon de vie »

Eric, bénévole dévoué au RC Salouël Saleux depuis 18 ans, nous raconte comment le bénévolat est devenu un engagement de passion et nous donne son point de vue sur le monde du football amateur.

En 2006, lorsque son fils Thomas commence le football en U6 dans le club du RC Salouel Saleux, Eric Messiaen passe du temps sur le bord du terrain à le regarder. Au fil de la saison, ce père s’implique de plus en plus dans la vie de l’équipe de son enfant et choisit de devenir entraîneur pour le club : « Je le suivais un petit peu au départ, puis en allant je suis devenu entraîneur. » Il ne le savait pas mais il venait de débuter une longue histoire d’amour avec ce club qui perdure encore aujourd’hui.

Un grand et long parcours

Se vouant une vraie passion à partager avec les jeunes qu’il entraîne, il a continué cette pratique en montant dans les catégories jeunes jusqu’aux U15. C’est en voulant aider le club de la même manière qu’il avait aidé l’équipe U6 la première année, qu’il intégra le bureau du club : « Ensuite j’ai pris une fonction au club, en plus des U13 et U15 que je coachais, ça me prenait 3 à 5 heures d’administratif supplémentaires. ». De fil en aiguille, il est devenu président du club en 2013.

Dès sa première année de présidence, le club cloué depuis quelques années en D2 accède enfin à la D1 grâce à un dur labeur que chacun a mené sous sa direction, « à force de combat et d’essayer de faire bouger les choses on est montés en D1. Pour une première année de présidence ce sont des souvenirs qui restent. » Les années suivantes le club à une division de la Régional ne parvient pas à y monter.

Son mandat de président se conclut en 2019, après avoir rencontré des problèmes qui font partie du football et après avoir sacrifié beaucoup de temps de vie de famille. « C’est vraiment en tant que président lorsque je ne partageais pas les mêmes idées que mon bureau et une vie de famille déjà bien prise que j’ai été le plus démotivé. » C’est à ce moment là qu’il reprend son poste dit « préféré », entraîneur, fonction qu’il occupe encore cette saison en coachant les U16/U17.

Le bénévolat une voie de partage qui unit

Pour ce bénévole au grand cœur, c’est clair et indiscutable : « Dans le monde du bénévolat, si tu en fais, c’est que ça te plaît déjà au départ, sinon je n’en ferais pas aujourd’hui. Tu le fais pour pleins de raisons, personnelles mais surtout pour ce que tu peux apporter aux autres ». Un monde où le bénévole n’est pas heureux et où il ne prend pas plaisir à aider les autres est inenvisageable pour lui. C’est aux côtés des jeunes qu’il prend le plus de plaisir, plus que lorsqu’il joue en vétéran ou lorsqu’il jouait en senior.

Ce plaisir de partager et d’aider lui est rendu car il s’enrichit aussi beaucoup aux côtés des licenciés qu’il encadre, c’est une des raisons qui l’ont poussé à maintenir son engagement depuis 18 ans, « j’ai appris beaucoup plus par les jeunes ». Cette relation entraîneur/joueur est en parfaite adéquation avec l’esprit de cohésion du football, Eric le souligne, les résultats de l’équipe sont le fruit d’un travail collectif où chacun joue son rôle : « Tu leur (les jeunes ndlr) apprends des choses en allant et là vous construisez une équipe ensemble, après voila, il y a des choses qui marchent et d’autres qui ne marchent pas, mais on apprend à parler ensemble et à gagner ensemble. »

Mais pour le Salouasien le bénévolat ne se limite pas qu’aux terrains de foot, durant son parcours, il a déjà dû faire face aux problèmes extra sportifs de ses jeunes joueurs, ces situations auxquelles il a dû faire face, il les voit comme une leçon de vie : « Tu apprends aussi indirectement sur la vie. Ils (les jeunes ndlr) te font relativiser sur ta vie, parce que des fois elle est simple pour toi quand tout va bien mais quand t’entraînes des jeunes, tu te rends compte de leurs problèmes par rapport aux parents. Les enfants qui ne peuvent pas venir car les parents ne peuvent pas accompagner, on doit gérer toutes ces problématiques car si tu ne le fais pas, les enfants restent à la maison ». Aider est sa mission et elle permet aux joueurs de pouvoir jouer dans de bonnes conditions toutes les semaines.

Chaque année, que ce soit en tant que président ou entraîneur actuellement, il participe à l’organisation des différents stages que propose le club à ses joueurs pendant les vacances, les joueurs peuvent ainsi participer à des entraînements et sorties quotidiennes. Les rouges et noirs organisent aussi des soirées et ont déjà participé à des tournois en région parisienne, selon lui, cela prend beaucoup de temps sur une année pour organiser d’autres projets destinés aux licenciés.

En 18 ans, bien des changements

Dans ce milieu depuis un long moment, Eric a passé beaucoup de temps sur les bords de terrain les samedis et dimanches. Le monde du football amateur aussi beau qu’il soit, est réputé pour être dur, et beaucoup de personnes en ont fait l’expérience les week-ends. Selon notre coach, les comportements inadaptés sur le bord des terrains se sont nettement atténués depuis le temps où il a commencé son activité : « J’habite à côté du stade donc je suis omniprésent, j’entends, je vois, et je pense qu’il y a eu une belle amélioration à ce niveau là. Il y avait déjà, à l’époque où j’ai commencé des débordements des parents le samedi, des choses incompréhensibles. Mais avant c’était coutumier, on savait que tous les samedis il allait se passer quelque chose. »

Proche des 20 ans d’expérience, ce n’est pas le seul changement qu’il a pu constaté. Les réseaux sociaux, qui s’imposent aujourd’hui partout, ont changé bien des choses chez les jeunes dont il a pu s’occuper : « Il y a aussi les réseaux sociaux, pour communiquer c’est super mais pour foutre le bordel c’est très bien aussi, c’est vraiment dommage. Quand tu es sur le terrain, tu es sur le terrain, et les affaires personnelles c’est en dehors, on essaie de les résoudre d’une autre manière. Quand ça commence à déteindre sur le jeu, c’est gênant. » Ces problèmes entre joueurs ne sont pas seulement réservés aux professionnels mais ils s’intègrent même chez les équipes jeunes.

Ces différents causés par les réseaux sociaux brise la cohésion au sein d’une équipe ce qui enlève aux joueurs l’envie de gagner ensemble. Son enseignement va au-delà du foot, l’entraîneur inculque des valeurs à ses joueurs qu’ils peuvent aussi utiliser dans la vie pour mieux gérer des situations de ce genre : « Les valeurs du sport ça doit être les valeurs de la vie après ».

Être bénévole dans le sport, c’est signer un pacte pour vivre des aventures riches en émotion tout au long des saisons. En voici l’exemple avec Eric Messiaen, qui en 18 ans en tant qu’entraîneur, secrétaire et président a vécu des montées, des descentes, même un record inédit, lorsque la formation sénior a atteint le 8ème tour de Coupe de France en tant qu’équipe de D2 ! Cet article permet de nous rappeler que le sport c’est avant tout du « plaisir », c’est le mot qu’a choisi notre intéressé pour définir l’état d’esprit qui devrait dominer dans le sport du ballon rond.

Jalil Biade

Crédit photo : Justin Kouadio et Célia Joseph – DR

Jalil Biade, jeune volontaire en SNU a réalisé une immersion au sein de la rédaction de Gazette Sports à plusieurs reprises sur l’année 2024. Aujourd’hui, il vous livre un sujet autour du bénévolat, sur Eric Messiaen, son coach au RC Saleux-Salouël.

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