CYCLISME : Le projet fou de Jean-Michel Seguin long de 4800 kilomètres

A 67 ans, le Samarien Jean-Michel Seguin s’est lancé un nouveau défi, aussi fou qu’impressionnant : faire le tour de France le long des frontières du territoire à vélo. Un périple de plus de 4800 kilomètres…

C’est dans le séjour de sa maison typiquement picarde, qu’il a lui-même construit, avec son épouse, il y a plusieurs années, que Jean-Michel Seguin nous a reçu, quatre jours avant son grand départ. La table de salle à manger est en désordre, il faut dire que sa carte traçant la totalité de son parcours prend de la place. L’habitant de Vaux-en-Amiénois effectue encore quelques modifications. Le stress et l’impatience montent, l’heure est aux derniers préparatifs, le paquetage est presque bouclé.

Le samedi 25 mai dernier, Jean-Michel Seguin prenait le départ de son Tour de France à vélo par la côte. Un long périple de 4800 kilomètres avec des caractéristiques vertigineuses : 45 000 mètres de dénivelé, 60 points de contrôle, 51 cols, dont 7 à plus de 2000 mètres d’altitude. « À traverser les Pyrénées, j’emprunte tous les grands cols. Persaudre, Aspin, Tourmalet, et puis, dans les Alpes, c’est Galibier, Izoard, Vars, La Bonnette. Je pense que ça va être quelque chose de costaud parce qu’il va falloir gérer l’alimentation, gérer les couchages », explique le Samarien. Conscient de la difficulté de ce défi fou, il sait qu’il aura besoin d’un temps d’adaptation. « Je vais prendre mes marques et ça va aller », se rassure-t-il.

Jean-Michel Seguin ambitionne de réaliser ce tour de France en 40 jours. En tout cas sur le papier. L’homme de 67 ans s’est en réalité donné 60 jours pour réaliser son défi. Une quinzaine de jours est prévue pour reprendre des forces, mais aussi pour pallier différents problèmes mécaniques qu’il pourrait rencontrer.

Jean-Michel Seguin est un homme de défi. Si ce projet fou est de loin le plus difficile qu’il va tenter de réaliser, le retraité n’en est pas à son coup d’essai. Chaque année, le retraité se challenge : le tour de Corse, le tour de Provence Côte d’Azur, tous deux à vélo. Parfois, il laisse son vélo pour la marche pour effectuer un périple long de 1600 kilomètres entre Saint-Jacques-de-Compostelle et la-Boîlotte. Avec sa femme, le résident de Vaux-en-Amiénois a réalisé toutes les grandes courses cyclosportives. Il se souvient : « Nous avons fait une quinzaine d’années de tandem assez poussé. On a fait deux Paris-Nice en cyclosport, en 2006 et 2008. Nous étions le seul tandem sur 400 participants. C’était un gros défi parce que c’était des étapes de 150 voire 200 kilomètres par jour, parfois avec des dénivelés énormes. Mais bon, on s’est préparé, puis on l’a fait. » Les deux époux sont aussi des galériens du Ventoux. Puisque le couple s’est, par le passé, donné le défi de gravir le Mont Ventoux quatre fois dans la même journée. Ceux qui réussissent sont ainsi nommés après cet exploit.

Le soixantenaire est un amoureux du sport, mais pas que. Jean-Michel témoigne de cette sensation de se retrouver avec soi-même qu’il affecte tant. Déjà sur le chemin de Compostelle, le sportif se souvient être passé par toutes les émotions « J’en suis ressorti en étant un autre homme » dit-il, et souhaite en vivre autant dans son nouveau périple. Mais par dessus tout, c’est une adoration inestimable pour la France et sa nature que nous découvrions chez M. Seguin.

Pour preuve, ce dernier a même écrit un poème à sa douce France qu’il affectionne tant. En voici un extrait, qui nous a été lu avec une certaine émotion dans les derniers instants de notre rencontre : « Ma France, ma belle. Toi, grande séductrice. Il y a longtemps que je rêve de toi. Difficile de résister à ta beauté bien sûr, mais aussi ton architecture, ta gastronomie, tous ces hommes qui ont fait ton histoire, ma belle. Moi, je te connais depuis longtemps. Je te regarde, je t’écoute, je te respecte. Bref, je suis sous ton charme. J’ai donc choisi cette année, année olympique, où ta capitale Paris, va briller de tous ses éclats et sera la vitrine du monde entier, pour me lancer. Je vais parcourir ta magnifique forme hexagonale, longer la mer d’un côté, la montagne de l’autre et entre, les verts paysages vallonnées, ou pas. »

Ce sont sur ces belles paroles, preuve d’une attache inestimable, que le cycliste pliait bagage, afin de rouler dans les pas de son oncle disparu : Pierre Pardoën, ancien coureur du Tour de France. A sa manière, Jean-Michel Seguin, dompte alors les terres de ce pays.

César Willot et Kevin Devigne


Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr

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