ATHLETISME – Thomas Gogois : « Je savais que j’en étais capable »

Samedi 15 juin, à l’occasion du meeting organisé par l’AUC Athlétisme, Thomas Gogois, récent médaillé de bronze sur le triple saut aux Championnats d’Europe 2024 à Rome, est revenu sur son exploit et a également évoqué sa qualification pour les Jeux olympiques.

Difficile de pouvoir avoir quelques instants avec la nouvelle star amiénoise Thomas Gogois, qui n’en finissait plus de remercier les nombreuses personnes venues le féliciter après sa belle médaille de bronze glanée sur le concours du triple saut à Rome lors des championnats d’Europe. Fidèle à lui-même, souriant et humble, le jeune athlète de 23 ans a accepté de nous accorder quelques minutes avant de repartir dans un bain de foule avec les Amiénois qui ont vibré devant leur télé.

Ces remerciements et ces félicitations, Thomas Gogois en a bien profité : « Ça me fait tellement du bien. Ça fait vraiment plaisir de voir toute l’émulation que j’ai pu provoquer à travers ce concours. » Le mardi 11 juin, aux alentours de 22 h 10, au stade olympique de Rome, l’Amiénois s’est envolé bien au-delà des 17 mètres, pulvérisant son record personnel une troisième fois dans cette même finale, avec un saut à 17,38 m (-0,4m/s). Le triple sauteur de 23 ans réalise ainsi les minima pour Paris 2024, qui étaient à 17,22 mètres et s’offre au passage une incroyable médaille de bronze.

C’est un peu un scénario de film

Thomas Gogois

Pour Thomas Gogois, il s’agit là d’une belle revanche, lui qui a connu une saison très compliquée l’an passé. Des performances en deçà de ses attentes, mais aussi de son potentiel, l’ont plongé dans une phase de dépression. Il reconnait même avoir voulu arrêter l’athlétisme. Pour se ressourcer, le jeune athlète a éprouvé le besoin de revenir dans sa ville natale, Amiens. « J’avais besoin de retrouver ce cocon familial et ce confort que j’avais avant, et ça m’a plutôt réussi explique-t-il. C’est un peu un scénario de film. Le 11 juin 2023, on avait annoncé ma fin de saison par rapport à ma blessure. Un an après, je fais une médaille, c’est une belle histoire. »

Cette année, l’Amiénois a su trouver les ressources pour rebondir, et de quelle manière. En février, lors du meeting des trois sauts organisé par l’AUC, Thomas Gogois effectuait son retour à la compétition après huit mois d’absence. Au terme d’un concours maîtrisé, il termine premier avec une marque à 16m65, soit la meilleure performance de la saison à l’instant T. Un saut qui lance parfaitement sa course contre la montre pour les Jeux olympiques. Au mois de mai, à Grenoble puis à Forbach, le Samarien remporte le concours avec des sauts respectivement à 16m50 (+2,0m/s) et 16m87 (+0,9m/s). Une montée en puissance qui lui a permis d’arriver en pleine possession de ses moyens aux Championnats d’Europe à Rome début juin.

Dans la capitale italienne, Thomas Gogois avait une nouvelle opportunité de se rapprocher de son rêve : celui de participer aux Jeux olympiques de Paris 2024. Encore loin des minima avant le concours, il était difficile d’imaginer un tel scénario. Mais le triple sauteur amiénois y a toujours cru. « Je savais que j’étais capable de réaliser de telles performances. Mon premier sentiment quand j’ai vu le résultat était un soulagement, en plus d’avoir la médaille. Je savais que j’en étais capable, depuis de nombreux mois déjà, mais à chaque fois, je mordais. Donc là, faire ce saut au bon moment, sur mon dernier essai, aux championnats d’Europe, tout en me qualifiant pour les JO, c’est juste incroyable. Ça me permet de mieux dormir (rires), maintenant je vais pouvoir aborder la suite plus sereinement »

Focus sur les Jeux

La suite va être la même que celle qui était initialement prévue avec son entraîneur Alain Doré. La raison est simple : « On avait prévu d’aller aux Jeux olympiques et on s’est préparé déjà depuis de longs mois pour être prêt pour cet été, donc on ne change rien, on va continuer à se préparer » sourit Thomas Gogois. Si la préparation s’annonce intense pour un tel rendez-vous entre le 26 juillet et le 11 août, le sociétaire de l’AUC Athlétisme est plus motivé que jamais : « Participer aux Jeux olympiques c’est juste incroyable. Je suis comme un fou, le fait que ce soit à Paris, c’est beau. Je n’ai rien à perdre en plus, donc ce n’est que du bonus. »

Surtout, l’Amiénois va arriver aux JO avec sûrement la meilleure forme de sa jeune carrière. De quoi s’enlever un peu de pression : « Depuis le plus jeune âge, je ne me fixe aucune limite. Maintenant, il y a une porte qui s’est cassée, un verrou mental qui s’est débloqué, donc je vais foncer et je le répète : je n’ai plus rien à perdre. Avec mon coach, on sait par quoi on est passé, il y a eu des moments compliqués. Le fait d’avoir cette première petite victoire qui ouvre les portes des JO, ça fait du bien et c’est de bon augure pour la suite. » Désormais, Thomas Gogois a l’occasion d’écrire une nouvelle et très belle page de son histoire aux Jeux olympiques de Paris 2024.

César Willot, Nathan Mence
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr