SOUVENIRS OLYMPIQUES – 1984 : Les Jeux olympiques sont dans le coma
Depuis l’Antiquité, quand se déroulaient les Jeux olympiques, une trêve était toujours observée. Dans le monde, il n’y avait plus de conflits ni de guerre entre les peuples et ne comptaient que les compétitions sportives. D’où cette phrase : La trêve olympique.
Evidemment au cours des JO modernes, soit ceux qui ont été repris par le baron Pierre de Coubertin en 1896, tout n’a pas été rose. Il y eut des périodes très pénibles et nous pensons évidemment au drame qui eut lieu à l’intérieur du village olympique avant les JO de Munich en 1972 et qui avaient été marqués par les massacres de sportifs israéliens.
Quatre ans auparavant en 1968, de nombreux étudiants mexicains qui manifestaient avaient été tués par la police du pays. Nous nous souvenons aussi de cette image des deux athlètes américains qui, au moment de l’hymne de leur pays, avaient levé leur main droite gantée de noir. Un signe de protestation qui émut alors le monde entier.
On se souvient aussi qu’en 1980 aux JO de Moscou, l’Amérique déclarait forfait et cette décision avait été prise non pas par les sportifs mais par les politiques plus particulièrement le président Carter. Et naturellement quatre ans plus tard, pour les JO de Los Angeles, ce furent les Russes qui s’absentaient et répondaient ainsi du tac au tac aux Américains. C’était une sorte de guerre froide mais toujours avec les mêmes vaincus : les sportifs.
Jusqu’au bout, le président du CIO l’Espagnol M.J.A. Samaranch a tout fait pour ramener dans le giron olympique non seulement les Russes mais aussi toutes les nations limitrophes car à cette époque le Mur de Berlin n’était pas encore tombé. M. Samaranch avait reçu à Lausanne, le siège du CIO, les présidents des comités olympiques américains et russes mais rien ne devait être modifié puisque les ordres venaient directement du pouvoir politique.
Dommage encore que trois ans auparavant, l’haltérophile amiénois Daniel Senet ait annoncé sa retraite après être devenu champion du monde à l’arraché. S’il avait été présent à Los Angeles, nul doute que Daniel Senet aurait été médaillé d’or mais on ne refait pas l’histoire.
Dans son édition du 9 mai 1984, le journal l’Equipe titrait à la une: « L’Olympisme dans le coma » tandis que son rédacteur en chef Robert Pariente parlait « de coup mortel ». Le comité olympique russe signalait qu’il exécutait les ordres venus d’en haut (le Kremlin) car la charte n’avait pas été respectée. Il réfutait le mot boycottage qu’il remplaçait par la non-participation.
L’olympisme traversait donc une nouvelle tempête qui risquait de l’abattre définitivement. Mais le CIO est fort, très fort et tel le Phénix il allait renaitre. Et pendant que le CIO connaissait des jours difficiles, la flamme olympique qui venait d’arriver dans le pays allait commencer son périple sur le territoire américain. Les deux premiers porteurs étaient très jeunes et c’est vraiment un joli symbole et surtout un bel hommage à deux super champions que furent Jesse Owens et Jim Thorpe. Ils s’appelaient en effet Bill Thorpe et Gina Hamphili et ils étaient les petits enfants qui devaient parcourir un kilomètre à New York.
Lionel Herbet
Crédit photo : DR