SOUVENIRS OLYMPIQUES – 27 juillet 1996 : Le plus grand exploit sportif picard de tous les temps
Le 27 juillet 1996 à Atlanta, Philippe Ermenault et deux autres Picards ont réussi le plus bel exploit sportif : remporter la médaille d’or par équipes cyclisme sur piste.
A quelques jours de l’ouverture des Jeux à Paris, après le passage de la Flamme Olympique dans notre département, il nous a paru intéressant de revenir sur ce formidable exploit, réalisé le samedi 27 juillet 1996 à Atlanta par les quatre poursuiteurs de l’équipe de France de poursuite et qui comprenait pas moins de trois Picards. Ces quatre champions s’appelaient Philippe Ermenault, le capitaine de route, le Saint Quentinois Francis Moreau et le sociétaire du VC Santerre et Vermandois, Christophe Capelle. Le quatrième était Jean Michel Monin qui était un peu de chez nous puisque quelques mois auparavant, il avait remporté les Boucles du Canton de Picquigny dont l’arrivée était située à Vignacourt.
Nous avons beau chercher dans notre mémoire. Jamais le sport picard n’a été autant à l’honneur qu’au cours de cette dernière semaine du mois de juillet 1996. Nos trois Picards n’avaient été réunis que quelques semaines auparavant. Si Ermenault, alors licencié à l’UC Liancourt mais domicilié à Dreuil les Amiens et natif de Picquigny était le vrai spécialiste de cette discipline et venait de remporter sur la piste d’Hyères son 7e titre tricolore, à l’inverse Francis Moreau et Christophe Capelle étaient de vrais routiers. Moreau avait même abandonné le Tour de France pour se réadapter à la piste et être prêt à Atlanta. La mayonnaise a bien fonctionné et au final, nos quatre poursuiteurs ont ramené la plus belle des médailles, l’or.
Cette finale de la poursuite clôturait une semaine très faste pour le sport picard puisque par exemple la Noyonnaise Sophie Pichot-Moressée avait remporté le titre suprême à l’épée par équipes avec Valérie Barlois et Laura Flessel tandis que le rameur de Compiègne Bertrand Vecten obtenait la médaille d’argent en aviron (quatre sans barreur) alors que la Picardie n’avait plus obtenu de médaille dans cette spécialité depuis 32 ans. Vecten faisait équipe avec Olivier Moncelet, Gilles Bosquet et Daniel Fauché.
Les Français qui s’étaient améliorés au fur et à mesure avaient éliminé la Nouvelle Zélande en quart de finale, l’Italie en demi et la Russie en finale, « chacun a son rôle expliquait Ermenault. Moi je dois partir vite et bien lancer la course. Monin doit mettre l’équipe dans les meilleures conditions dès le deuxième tour. Francis Moreau doit rouler vite mais sans nous mettre dans le rouge et Capelle qui est le novice doit coller les roues lorsqu’il se trouve en tête. » Ce titre des poursuiteurs était donc la 4e médaille glanée par les sélectionnés picards puisque Philippe Ermenault avait commencé par obtenir l’argent dans la poursuite individuelle deux jours avant la finale par équipes. Ce fut une période dorée pour le sport picard. Notre région alors composée de la Somme, l’Oise et l’Aisne vivait des moments magiques et avait aussi la chance d’avoir des entraineurs de renom tel par exemple Francis Van Londerseele en cyclisme et une direction régionale de la Jeunesse et les Sports avec à sa tête Bernard Lepers et un super président du comité régional olympique et sportif.
« Des géants » titrait à la une un grand journal picard après ce titre olympique. Ces succès devaient valoir et il nous plait de le rappeler une fois encore cette remarque authentique de M.Samaranch président du CIO : « La Picardie est la première région sportive au monde. » De quoi nous rendre fiers à l’époque car nous n’avons été par la suite plus jamais aussi comblés même si certains, tel que Jérémy Stravius, ont fait monter bien haut les couleurs picardes et samariennes. Il aura fallu vingt ans pour que la Picardie obtienne une médaille d’or aux Jeux. Néanmoins, les sportifs qui étaient en lice ce samedi 27 juillet ont vécu très près d’un drame qui avait vu une bombe exploser pas loin du village olympique. La fête du sport se transformait en bain de sang et on ne pouvait pas ne pas revenir sur le drame qui avait eu lieu au village olympique à Munich en 1992 et qui avait été marqué par la mort d’athlètes et dirigeants israéliens. Philippe Ermenault avouait son écœurement devant cet attentat, « j’ai eu un coup de bourdon et j’ai eu les pattes coupées. Comment as-t-on pu faire une chose pareille? J’avoue avoir eu un terrible coup de déprime. » Cet attentat avait eu lieu juste avant la demi finale de la poursuite par équipes et pour rejoindre le vélodrome d’Atlanta, les sportifs et accompagnateurs étaient systématiquement fouillés. D’où le titre à la une d’un autre journal picard : « Atlanta : la sueur, le sang et la gloire. » Très rapidement, Philippe Ermenault revenait chez lui à Picquigny où il était accueilli comme un roi par toute la population. Du jamais vu. En 1997, un livre a été édité sur Philippe Ermenault et c’était une première pour un pistard alors que les routiers sont gâtés dans ce domaine.
Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr