PORTRAIT : Hugo Gallet, l’Amiénois à la reconnaissance européenne

À 27 ans, le défenseur international natif d’Amiens, Hugo Gallet, signe dans l’une des équipes les plus prestigieuses d’Europe. Lors de son retour dans sa ville natale, nous avons eu l’occasion d’échanger avec lui.

C’est au Coliseum, dans la patinoire du dôme où le jeune Hugo Gallet a pris goût au sport d’équipe le plus rapide du monde, que nous avons retrouvé l’un des tous meilleurs défenseurs français actuels, désormais âgé de 27 ans. Une enceinte dans laquelle l’aîné de la fratrie a eu la chance, à 2 ans seulement, de côtoyer la mythique équipe des Gothiques vainqueur du titre de 1999 : “Mon oncle, qui sortait de l’école d’art audiovisuel, a filmé l’équipe pendant les play-offs. Ils ont gagné le premier titre du club, et il y a des images où je suis avec ma famille. C’était vraiment une affaire de famille qui m’a poussé vers le hockey. C’est un bon début dans le sport, on tombe forcément amoureux du hockey derrière. Quand tu as l’opportunité d’aller dans les vestiaires avec ton oncle et ton père, dire bonjour aux joueurs, avoir cette proximité avec les joueurs et les coachs, ça donne encore plus envie de faire ce sport. Après, une fois que tu es dedans, tu joues, tu t’entraînes, tu fais les tournois avec les copains, et là, tu crées des souvenirs et tu as envie d’en créer encore plus. J’ai commencé très jeune, vers 3 ans, avec mon père qui m’emmenait patiner. Il était partenaire du club pro, donc j’ai passé beaucoup de temps sur la glace et en roller. C’est vraiment lui qui m’a lancé dans le hockey.Cette immersion précoce dans le hockey a défini l’avenir d’Hugo, notamment grâce à ses performances au sein d’une jeune et prometteuse génération du HCAS, aux côtés de joueurs talentueux comme Fabien Kazarine, Fabien Bourgeois, Julien Guillaume, Aziz Baazzi, et Guillaume Leclerc.

Alors que l’Hexagone ne s’est jamais mué en terre de hockey, le jeune défenseur suit les pas de Guillaume Leclerc, parti un an plus tôt jouer aux États-Unis, et se lance dans une nouvelle aventure : le hockey au-delà des frontières. Une décision qui le porte jusqu’au Minnesota, en NAHL, puis en Finlande chez les jeunes. Dans le même temps, les performances d’Hugo Gallet font de l’œil à l’entraineur qui le voyait dès le plus jeune âge dans son vestiaire et qui était devenu entre temps le sélectionneur de l’équipe de France : Dave Henderson

L’Équipe de France

C’est ainsi qu’en 2018, Hugo Gallet participe à son premier championnat du monde, à seulement 20 ans. “À l’époque, tu ne te rends pas forcément compte, mais je pense que peu d’entraîneurs de l’équipe nationale auraient donné autant d’opportunités à un joueur qui jouait en moins de 20 ans comme moi en 2018. Il n’a pas eu peur de me donner du temps de jeu, de me laisser apprendre avec tous les joueurs présents à ce moment-là. Dave Henderson a une place particulière dans mon cœur parce que c’est grâce à lui que j’ai mis un pied en équipe de France. Aujourd’hui encore, j’y suis, et qui sait, si je n’aurais pas eu cette carrière en équipe de France si jeune sans lui… Porter si jeune le maillot de l’équipe de France procure un sentiment incroyable.” Depuis, ce rendez-vous annuel que sont les championnats du monde est un immanquable pour le défenseur d’1m92, qui arbore fièrement les couleurs de sa nation au moment de notre interview.

Celui qui n’a manqué aucun de ces grands rendez-vous internationaux participera à la grande mission bleue qu’est la qualification pour les Jeux olympiques de 2026. Vingt-deux ans après sa dernière participation, le groupe français, désormais sous les directives de Yorick Treille, tentera de briser ce plafond de verre à Riga, en Lettonie. “J’espère de tout cœur que l’on emmènera cette génération aux Jeux, et qu’ils auront la chance de vivre ça” ajoute Hugo.

La belle aventure finlandaise

Après un bref retour en France, avec les Boxers de Bordeaux, qu’il considère aujourd’hui comme la saison qui lui a été grandement bénéfique pour repartir de l’avant, l’Amiénois de naissance repartait à la conquête de la Finlande. Pour ce dernier, la décision n’a pas été facile puisque “ce sont des choix difficiles à faire. Mais il faut écouter son instinct, se mettre dans sa bulle et réfléchir à ce qui est le meilleur pour soi, en adéquation avec ses objectifs et ce qui rend heureux dans la vie, pour éviter d’avoir des regrets.” Une décision qui s’avère toutefois payante puisque le jeune français, fraîchement débarqué dans le second niveau finlandais, séduit l’élite et termine dans les rangs de Kalpa, dans la prestigieuse Liiga. “Quand je suis d’abord arrivé dans cette ville de 20,000 habitants (Iisalmi, où il jouait en Mestis), un peu perdue au milieu de nulle part, les gens autour de moi se demandaient où j’allais. Mais au fond de moi, j’avais l’impression que c’était la bonne décision. Je pense que c’est le plus important de se faire confiance et d’être en accord avec soi-même. Ça a fonctionné, ça aurait pu ne pas fonctionner, mais je suis heureux que ça ait marché. J’ai plein de souvenirs de cette saison-là et je suis encore en contact avec beaucoup de joueurs et de membres du staff.“

Voilà quatre saisons que le Français défend le maillot de Kalpa, glanant de plus en plus de temps de jeu et ayant des responsabilités toujours plus importantes, mais désormais Hugo jouera sous les couleurs de Tappara. Un club d’excellence parmi les meilleurs européens, qui a remporté son championnat en 2016, 2017, 2022, 2023, 2024 et la CHL (Ligue des champions de hockey) en 2023. “Il y a toujours cette envie d’aller plus haut, d’aller plus loin dixit Hugo Gallet. Je ne veux pas juste jouer à Tampere, je veux performer, avoir une place importante dans l’équipe.”


Alors que la carrière d’Hugo Gallet atteint des sommets, nous avons voulu savoir ce que cela représente pour lui de vivre de sa passion : “C’est génial de se lever le matin et d’aller jouer au hockey. On s’en rend encore plus compte quand ça s’arrête. Parfois, dans la saison, on est fatigué, on se dit que c’est compliqué… Mais il y a aussi des moments superbes où on se dit que c’est magnifique, qu’on a la chance de vivre ça tous les jours, des émotions qu’on ne vivrait probablement jamais dans un métier classique. Il faut en profiter. Au-delà du fait de vivre de son sport, c’est l’opportunité de jouer dans des championnats différents, d’être dans un vestiaire, avec une bande de potes toute la journée. C’est plus ça qui est génial après ça, c’est la cerise sur le gâteau de pouvoir ne faire que ça et de gagner sa vie. Mais je pense que c’est plus l’humain qu’on peut avoir dans une équipe, les émotions que ça procure tous les jours.”

Amiens, ville de cœur

À Amiens le temps de quelques jours en ce milieu du mois de juin, Hugo Gallet continue de penser hockey, puisque ce dernier nous accordait de son temps avant d’aller s’entraîner au tir. Un retour aux sources toutefois nécessaire à chaque période estivale malgré un calendrier bien chargé. Cependant, « ‘Amiens, c’est ma ville témoigne le concerné. Même si je ne sais pas si je vais y vivre plus tard, c’est là où j’ai grandi, je la connais par cœur. C’est là où vit ma famille, mes amis. J’adore revenir, que ce soit au Coliseum, à Saint-Leu, au centre-ville, au marché de Noël… C’est vraiment un endroit important pour moi. À chaque fois que je suis ici, que ce soit pour une semaine, 15 jours, 2 mois, j’essaie d’en profiter au maximum.« 

Kevin Devigne et César Willot
Crédit photo : Théo Bégler et Jerome Fauquet – Gazettesports.fr

Leave a Comment

Your email address will not be published.

Start typing and press Enter to search