L’Education aux médias dans les clubs sportifs, une necessité !
L’éducation aux médias et à l’information (EMI) doit aussi être dans les clubs de sports et, plus généralement, dans les associations sportives. C’est une nécessité afin que les bénévoles soient au fait des règles et des usages des pratiques journalistiques tant comme interviewés que créateurs de contenu pour la structure associative. Évidemment, cette problématique concerne aussi les associations culturelles ou autres.
Au sein de « Les Gazettes » qui a comme média gazettesportslemag, mais aussi gazettesports.fr et oyez-oyez.fr, nous intervenons en éducation aux médias et à l’information depuis cinq ans. Notre champ d’intervention va du CP au lycée pour un volume d’environ 300 heures annuelles et une cinquantaine de classes. Nous animons des ateliers médias à l’année ou des interventions de une à six heures ou sur l’année avec des clubs média. Nous créons des articles, des romans photos avec la rencontre de sportifs, d’artisans… Nous abordons donc un champ qui dépasse celui du sport et du bord terrain.
Pour autant, le bord terrain est essentiel dans cette pratique d’éducation aux médias. En effet, entre les services civiques présents pour quelques mois, des bénévoles nouveaux ou non, des dirigeants non formés aux règles, nous sommes confrontés comme média de presse à des pillages quotidiens de nos photos ou du plagiat de nos articles. Sans compter aussi les diverses interpellations de propos « déformés », de photos « ne me mettant pas en valeur » ou bien de ne pas avoir vu « le même match ». Bref, tout cela s’explique quand le club nous contacte ou que nous intervenons auprès d’institutionnels ou à la demande du club.
Une éducation aux médias d’usage interne et externe au club
L’éducation aux médias, au service du civisme associatif, mais aussi pour que les sportifs des clubs puissent comprendre le pourquoi des sujets, des mots employés, des photos utilisés après un match. Notre rôle au sein de ces formations sportives est aussi d’expliquer le lien entre le terrain et la publication. Expliquer le ressenti et le choix des mots ou d’un titre, mais aussi de préparer le jeune à être interviewé, le bénévole à créer un contenu rédactionnel de qualité. L’interview est certes vers un média, mais souvent vers son propre club qui de plus en plus développe une capacité de création de contenu sur les réseaux sociaux.
Pour autant, le sportif, parce qu’un ami, un membre du club, n’a pas toujours conscience de la portée de ses mots ou des images en dehors de cette sphère amicale associative. Une approche interne est donc nécessaire et celle-ci est très volatile, car elle dépend du bénévole ou du service civique qui a plus ou moins de compétences et parfois de temps d’engagement pour cette communication. Nous avons régulièrement des rendez-vous avec des clubs comme l’Amiens Sport Tennis de Table, les Green Falcons de Pont de Metz au roller hockey ou le Rugby Club Amiénois pour distiller la bonne pratique, mais aussi entériner des partenariats d’images afin de pouvoir utiliser nos photos dans la communication du club. C’est un échange gagnant pour les structures associatives qui veulent progresser dans la communication média. Des sportifs préparés à répondre, des « journalistes » préparés à restituer…
Des échanges pour favoriser les bonnes pratiques
La difficulté est donc de sensibiliser les structures aux bons usages et d’éviter d’avoir à envoyer des factures de plagiat ou de photos non libres de droit émises par divers médias… L’erreur vient souvent des joueurs, car ils confondent le privé et la structure associative, l’un et l’autre étant régis par des règles différentes ! Certains clubs ont la bonne pratique en nous contactant pour l’usage de l’image, et d’autres se réfugient avec plus ou moins de bonne foi derrière le « Je ne savais pas, nous ne sommes pas formés… » Nous avons dernièrement eu les deux cas. Dans l’un d’eux, le club comprend qu’une photo n’est pas gratuite et fait le nécessaire pour trouver un accord avec le média. Quand cela nous arrive, nous proposons également d’intervenir au sein du club pour former le communiquant à une bonne pratique. Mais dans d’autres cas, comme avec le club de handball d’Abbeville, cela se passe mal et un bras de fer s’instaure pour 160 €… En effet, l’un des dirigeants refuse catégoriquement, sous de faux prétexte, en disant que le club n’est pas formé (son graphiste use de son droit d’auteur sur ses publications, mais pas pour nos photos), qu’il ne savait pas… Le Comité de la Somme et la Ligue des Hauts-de-France ont aussi appuyé la demande de notre média, sans succès. Cette mauvaise foi nous engage donc à passer par les avocats (400 €) afin de faire reconnaitre notre droit d’image et de responsabiliser les actes du club. En effet, ne pas agir cautionnerait le pillage des photos des médias !
L’éducation aux médias pour y trouver son compte sans avoir à rendre des comptes !
Depuis des mois, nous alertons les comités sportifs et les ligues, voire les fédérations, sur ces cas d’usage illicite. Mais très peu de ces structures mettent en place des formations autour de ces nouveaux usages et d’apporter aux licenciés un savoir nécessaire tant pour créer du contenu que pour aider leur sportif à avoir un lien constructif avec la presse. Localement, le CDOS et la MAAM ont commencé des ateliers que nous animons autour de cette pratique. Chaque fois, cela permet de nouer des contacts et d’avoir des « idées » d’articles ou de liens avec de nouvelles structures sportives.
Des rapprochements commencent aussi avec le CROS Hauts-de-France et le district de football de la Somme afin de développer la communication média des clubs en utilisant les bonnes pratiques. Mais à ce jour, aucune formation des dirigeants bénévoles n’est obligatoire sur ce bon usage de la communication et des réseaux sociaux.
J’en appelle donc aux comités départementaux, ligues régionales et fédérations sportives à sensibiliser les structures associatives à la bonne pratique. Pourrions-nous imaginer une formation de quelques heures autour de cette pratique et d’avoir une certification autour des « médias », un open badge ? Cela passe aussi par le coach d’une équipe, comme le bénévole à la communication, le service civique, le dirigeant… Je me mets à disposition de celles-ci afin de travailler ensemble sur ces bons usages. Cela participe au civisme, au bien vivre et au bien-être au sein d’un club et à responsabiliser un bénévole dans ses compétences.
L’éducation aux médias n’est pas seulement sur les « fake news », elle se fait aussi sur le bord des terrains afin que chacun soit responsabilisé de ses mots et de son image envers son club ou envers un média. Nous développons des ateliers, nous rencontrons et nous partageons notre savoir afin qu’ils puissent être à nouveau partagés consciemment et légalement. Alors collaborons pour que chacun y trouve son compte sans devoir en rendre…
Léandre Leber
Crédit photo : Théo Bégler