FOCUS CLUB : Le CHM Saleux est tourné vers l’avenir
Le CHM Saleux a célébré ses 40 ans, le 16 novembre 2024. Depuis sa création, le club a côtoyé les plus hautes sphères de l’haltérophilie, mais est actuellement en perte de vitesse. La saison se passe mal et la relégation semble inévitable, alors que l’haltérophilie peine à attirer et pâtit de la compétition avec le CrossFit. Comment faire pour relancer cette pratique et relever la barre ? Florian Rohaut, président du CHM Saleux, revient sur les différents enjeux.
Florian Rohaut est membre du CHM Saleux depuis 2006. Il intégrait le comité directeur durant la même période avant d’accéder à la présidence en 2019, suite au départ de l’ancien président. « J’ai toujours été un athlète, forcément un compétiteur, puis je me suis très vite engagé. J’ai très vite passé mon diplôme d’arbitre régional, puis national, et récemment, international. » Très impliqué dès son intégration, notamment dans le domaine du bénévolat, l’actuel président a découvert ce club et cette discipline grâce à son frère. Ce dernier était membre de l’équipe qui montait en Elite et était la passerelle idéale entre le jeune Florian et l’haltérophilie. Il se souvient de son premier contact avec cette discipline assez niche : À l’époque, il travaillait la journée. On venait très tard ensemble. J’ai découvert et j’ai été directement happé. Le fait de pouvoir développer un peu ses compétences, sa force. Moi, à l’époque, je n’étais pas très gros, je n’étais pas très fort, on va dire, pas très musclé. »

Des bienfaits qui ne sont plus à prouver
Parmi les nombreux bénéfices, Florian Rohaut se souvient de ce que la pratique lui a apporté : « Ne serait-ce que socialement, vis-à-vis de la timidité, le fait d’être réservé, etc. Faire de la compétition, être amené à côtoyer des athlètes, être dans une équipe et devoir passer sur une barre devant un public, ça m’a permis de me développer aussi bien physiquement que personnellement. » Une évolution qu’on retrouve également dans la pratique loisir, cette discipline étant complète musculairement et articulairement parlant. Souplesse, coordination et explosivité sont des domaines travaillés au travers de l’haltérophilie, avec des bienfaits que l’on peut rapidement apercevoir dans la vie quotidienne. De plus, le président rajoute qu’une pratique chez les femmes a des bienfaits « qui ont été prouvés contre l’ostéoporose. »
L’idée du gymnase et des poids claquant entre eux est très souvent liée à une image masculine. Or, ce n’est plus du tout d’actualité. À l’échelle du club, Florian Rohaut nous confie qu’il y a une très grande mixité. « Il y a encore un an ou deux, on avait peut-être un petit peu plus d’athlètes féminines que de garçons. Là, on a quasiment 50 % des deux côtés. » Cette parité est « quasiment atteinte » au niveau de la fédération. Cette féminisation du sport est liée, pour le président, à une discipline rivale (évoquée plus bas) le CrossFit.
Rebondir avec la jeunesse
Si les résultats sportifs sont en berne et que la descente semble inéluctable, le dirigeant souhaite donner un second souffle à la section compétition en misant sur les jeunes pousses prometteuses du club. Concernant l’aspect musculation-loisirs, là aussi, des projets sont en cours de développement. « On essaie de mettre en place des cours collectifs, etc. Même s’ils ne viennent pas toucher à l’haltérophilie, ça fait de la visibilité. En général, ça peut en ramener un petit peu. Et puis sinon, de notre côté, en haltéro, on commence à contacter un petit peu, à mettre en place des choses, des partenariats avec les écoles, les centres aérés. »
Les bienfaits dans la vie quotidienne sont évidents et le président cherche à ajouter d’autres plus-values pour ses adhérents, avec notamment l’accompagnement de diététiciens, nutritionnistes et ostéopathes afin de permettre une offre plus large et en adéquation avec la discipline. De plus, proposer des séances ou des collaborations avec les écoles de police ou encore les pompiers sont également des sujets présents à la table de discussion pour essayer de relancer le club.
Le CrossFit, un rival amical ?
Membre historique du club, Robert Clabaut confiait qu’il s’inquiétait de la popularité du CrossFit, qui semble être en bonne voie pour supplanter l’haltérophilie, entraînant ainsi une potentielle disparition de ce sport de force mythique. Une inquiétude partagée par Florian Rohaut : « Je ne serais pas étonné que ça ait lieu, ne serait-ce qu’à l’échelle olympique. On sait quand même, l’haltérophilie est sur la sellette depuis quelques décennies. Ça a été très juste pour la participation à Paris. On a été sauvés pour les prochains JO à Los Angeles. » Seul sport de force au programme des olympiades, cette discipline pourrait pâtir de son manque de médiatisation et de son maigre budget, ce qui pourrait avantager un sport réunissant ces deux facteurs : le CrossFit.

Cependant, quand on s’intéresse aux gestes réalisés dans les deux disciplines, on se rend vite compte des similitudes. Si le CrossFit se base sur un nombre de répétitions, l’haltérophilie va plutôt viser la « pureté » du geste. Ces ressemblances laissent à penser qu’une avancée main dans la main pourrait s’avérer bénéfique : « On ne va pas cracher sur le CrossFit. Je pense qu’il y a quand même des adhérents à aller chercher, des partenariats à créer. Et ça, je pense qu’il faut s’ouvrir malgré tout. Certains sont longtemps restés fermés, mais il faut s’ouvrir avant que l’haltérophilie ne meure, justement. […] Peut-être essayer de travailler un peu en collaboration pour que l’on apporte une expertise, et puis qu’eux nous rapportent un peu d’adhérents. On se rend bien compte que, d’un point de vue technique, l’haltérophilie peut énormément apporter au CrossFit, là où ce dernier peut ramener, sans doute, beaucoup de médiatisation et, potentiellement, des personnes. Le partenariat, en tout cas, semble évident. »
Cette avancée en parallèle est déjà à l’étude au sein de la Ligue des Hauts-de-France, qui a commencé à tâter le terrain pour mettre en place des échanges entre les différentes structures. Une des pistes étudiées par le président du CHM Saleux serait de proposer un créneau à part au sein de sa salle pour apporter une expertise technique. Preuve qu’il n’est absolument pas fermé à l’idée de faire évoluer les mentalités, il répondait favorablement au sondage de la ligue sur ce sujet. « Je ne serai pas frein« , insistait-il.
L’haltérophilie est un sport dont les qualités ne sont plus à prouver, notamment pour le corps. Hélas, il n’est pas vendeur, mais des présidents, à l’image de Florian Rohaut et de son club du CHM Saleux, essayent de faire vivre cette pratique en multipliant les collaborations, en faisant évoluer les pratiques et surtout, en restant ouvert aux autres disciplines.
Cyprien Baude
Crédit photo : Kevin Devigne & Reynald Valleron – Gazettesports.fr