ÉDUCATION AUX MÉDIAS : Pour réussir ? « La régularité et la persévérance »
Ancienne joueuse de tennis professionnelle, Karla Mraz-Fourcroy, 40 ans, a répondu aux questions des élèves de la section Escalade du collège Jules-Verne de Rivery.
Karla Mraz-Fourcroy a découvert le tennis à l’âge de 5 ans grâce à son père qui enseignait ce sport. Elle a débuté sa carrière professionnelle à 14 ans, l’âge minimum légal. C’est donc à cet âge qu’elle a commencé à se déplacer de manière autonome pour se rendre sur les tournois. Au plus fort de sa carrière professionnelle, qui a duré quinze ans, elle a été 20ème joueuse française et 270ème mondiale.
Elle nous explique qu’au départ, les objectifs sont plutôt fixés par les parents et les entraîneurs, « ce qui n’est jamais très bon. » Néanmoins, c’est le cadre fixé par son père lorsqu’elle était enfant qui lui a permis de progresser. Sa progression a ensuite créé de la motivation et la reconnaissance. C’est cela qui lui a donné l’envie de « percer dans le tennis. »
Ensuite, ce sont les entraînements puis les compétitions qui permettent de fixer les objectifs. « Ils viennent avec les résultats » explique-t-elle. Les sportifs professionnels sont suivis par des entraîneurs aux profils différents, dont il faut prendre le meilleur. Certains sportifs s’arrêtent s’ils n’atteignent pas leur but, car il peut y avoir « trop de pression si on ne vise que le résultat. »
Karla, elle, a réussi à relativiser et à décompresser grâce à ses études. Elle nous a d’ailleurs fait part de sa satisfaction, en nous disant qu’elle n’avait aucun regret sur le déroulement de sa carrière. Et qu’elle avait eu la chance d’être « plutôt épargnée par les blessures », seulement victime d’une excroissance à l’épaule et de tendinites aux genoux.
Le travail nécessaire pour progresser
Karla a suivi un entraînement très régulier et quotidien à partir de ses 7/8 ans. Puis, comme elle nous le confie, la question s’est posée : « Souhaites-tu gagner ta vie grâce au tennis ou en travaillant sur les marchés ou dans les restos ? » Suite à cela, elle s’est donnée à fond dans le tennis, avec deux heures de tennis et une heure de préparation physique en moyenne par jour. Puis quatre heures d’entraînement quotidien lorsqu’elle était au collège.
Pour garder le rythme, elle faisait en plus de la relaxation, des étirements et du renforcement musculaire : « Tout résultat passe par une régularité dans le travail » affirme Karla Mraz-Fourcroy. Après l’âge de 15 ans, elle a eu une gestion plus personnelle et plus adaptée de son emploi du temps, mais en respectant la quantité nécessaire : « Le sport, c’est une philosophie de vie, il faut l’intégrer dans le planning. »
Certains jeunes arrivent à décrocher de bonnes places mais ce n’est pas pour autant que les autres doivent se démotiver car « ils peuvent basculer de niveau à tout moment. » À chacun de s’adapter pour créer son propre cheminement et trouver sa motivation, car les aides fédérales vont aux jeunes de niveau national. « Au niveau inférieur, il faut beaucoup d’investissement personnel et familial » indique Karla. Et elle nous précise que la clé de la réussite est, selon elle, « la régularité et la persévérance. »
Son parcours
Karla Mraz-Fourcroy a eu un parcours hors du commun et dont elle est très fière. Elle nous a parlé de son match contre Justine Hénin, ex-N°1 mondiale également née en 1982, lors d’un CNGT à Chartres (*). C’était à leurs débuts. Avant cette rencontre, elle se souvient que la Belge était impressionnante “à l’échauffement avec des balles très appuyées.”. Cependant, la partie avait ensuite été équilibrée, montrant le talent de « contreuse » de Karla.
L’une de ses plus grandes satisfactions fut sa participation aux qualifications de Roland-Garros, en juniors puis en seniors.
Karla pense qu’elle aurait pu monter davantage au classement en ayant accès plus tôt à la préparation mentale. « Je gérais mal le stress, avec énormément de blocages. » Karla pense que cet aspect est très important. Il est de plus en plus pris en compte par la Fédération, et c’est très bien !
Karla a pu avoir ce type de préparation « très tard, vers 20 ans. » C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à faire de bonnes performances. « Et plus j’arrivais à construire des choses en parallèle au tennis, mieux je gérais. » Après avoir eu son bac par exemple, elle jouait d’autant mieux. La préparation mentale lui a permis de se sentir mieux et de se donner à fond en match. « Pour performer, il faut arriver à vivre le moment présent, sans avoir d’idées qui nous parasitent » explique l’ancienne directrice du club de l’Amiens AC.
Son parcours est donc assez impressionnant au vu des moyens mis à sa disposition pour ses entraînements. Car ce n’était pas simple de trouver des surfaces variées : terre battue, gazon, courts couverts etc. Ou encore d’avoir le type de balles le plus adapté. Elle avait aussi des difficultés, principalement financières pour les déplacements et pour avoir des sparring-partners, ainsi que des sponsors. Ce qui ne l’a pas empêché de vivre sa passion à fond et de faire de beaux résultats.
(*) : CNGT, comme circuit national des grands tournois, est un label correspondant à des tournois réunissant les meilleurs juniors.
Les élèves de la section Escalade du collège Jules-Verne de Rivery : Louis Caplier, Faustin Cattoni, Gabriel Caux Mille, Sofia Fortin, Raphaël Gerbet et Margot Trancaert Debacker (classe de 3ème), Elyes Benzerfa, Johan Gautier–Roullet, Adam Goasguen, Gilles Henrion, Leny Julien, Lilly Messier, Edison Muriqui, Hugo Noël et Suzanne Pelloux Fontaine (classe de 4ème), Victor Caux-Mille, Roxane Demory, Jérome Gabin, Gabin Gaujour et Arcaddy Richet (classe de 5ème). Avec leur professeur Yannick Danquigny et Ingrid Locq, documentaliste
Crédit photos : DR, Kevin Devigne et Vincent Delorme – Gazette Sports