JEUX OLYMPIQUES – Amaury Bellenger : « L’ambition c’est d’aller chercher une médaille aux JO »
Formé à l’ASC, Amaury Bellenger évolue actuellement dans le club bruxellois du Royal Uccle Sport. Pour Gazette Sports, l’international français revient sur ses débuts dans le hockey sur gazon et dévoile ses objectifs à venir avec les Jeux olympiques en ligne de mire.
Amaury Bellenger et le hockey sur gazon c’est une histoire d’amour qui a démarré très tôt. Elle débute alors qu’il est âgé de quatre ans grâce à son grand frère, Adrien, déjà licencié à l’Amiens Sporting Club hockey sur gazon. Suivant son aîné de cinq ans, Amaury accroche tout de suite. Malgré leur écart d’âge, les deux frères parviennent, il y a dix ans, à évoluer ensemble durant une saison sous les couleurs amiénoises. Il se souvient : « C’était très sympa de jouer avec lui, j’étais jeune (15 ans) donc je ne me rendais pas trop compte. On avait une bonne relation et cela nous permettait aussi de nous voir car on vivait dans deux villes différentes. »
S’il a fait toutes ses gammes avec les équipes de jeunes à Amiens, de ses quatre à 16 ans, Amaury Bellenger ambitionne d’aller plus loin dans la pratique du hockey, que cela devienne plus qu’un hobby. Il part un an au CREPS de Wattignies avant de rejoindre l’INSEP. Ces cinq années passées dans ces deux usines à champion lui permettent de pratiquer sa passion au sein du Racing club de France et de poursuivre ses études. Après avoir obtenu son bac, le natif d’Amiens se lance dans des études de kinésithérapie à l’ENKRE.
Quatre saisons au sein du club francilien et Amaury Bellenger estime « avoir fait le tour de la question, j’avais déjà été champion de France. Quasiment tous mes coéquipiers en équipe de France jouaient en Belgique, dans un championnat plus relevé, presque professionnel. J’avais envie de changer et de découvrir ça, tout en me permettant de gagner ma vie. » En 2020, il traverse la frontière pour atterrir à Bruxelles où il rejoint le Royal Orée avant de signer au Royal Uccle Sport, un autre club de la capitale belge. Entre-temps, il devient international avec l’équipe de France après avoir évolué dans les catégories de jeunes lorsqu’il était à l’INSEP. Son arrivée chez les Bleus s’est faite progressivement, participant d’abord à quelques stages avant d’être appelé pour des compétitions de plus grande envergure qui lui permettent de se démarquer et de s’imposer. Il doit désormais jongler entre la sélection et la saison en club. Ses saisons deviennent très chargées avec en moyenne plus d’une vingtaine de matchs de championnat et une quarantaine avec l’équipe de France.
Je n’ai pas touché de crosse pendant quatre ou cinq mois et je n’ai ressenti aucun manque, aucune envie de jouer.
Amaury Bellenger
Passionné depuis le plus jeune âge, Amaury Bellenger porte un regard très objectif sur le hockey sur gazon. « Le rythme est bien trop chargé, le calendrier n’est vraiment pas normal. Il n’y a jamais de break, les compétitions s’enchaînent. Je pense que c’est la raison pour laquelle il y a le plus de blessures dans le hockey » explique-t-il. Un rythme effréné qui aurait pu l’éloigner du hockey, surtout lorsqu’il est confronté à une grave blessure au genou qui l’écarte des terrains en octobre 2022. « Quand je me suis blessé, je me suis rendu compte que j’en avais marre du hockey. Je n’ai pas touché de crosse pendant quatre ou cinq mois et je n’ai ressenti aucun manque, aucune envie de jouer. Je me suis rendu compte que cette blessure était un mal pour un bien parce que depuis mon retour, j’ai retrouvé le plaisir de jouer, je prends le temps d’apprécier les moments. Quand on est dedans, on ne s’en rend pas compte. » Le joueur du Royal Uccle Sport a ensuite retrouvé le plaisir de jouer, avouant qu’avoir été maître de son projet de rééducation et le manque du collectif a énormément joué.
En Belgique, l’ex-INSEPien y découvre une pratique professionnelle ou presque avec un niveau considérablement plus élevé qu’en France. La Belgique a vu le hockey sur gazon exploser grâce aux titres de champion du Monde (2018), d’Europe (2019) et de champion olympique (2021) glanés par son équipe nationale. Amaury Bellenger regrette cet écart et aimerait que sa discipline se développe davantage en France. Le hockey sur gazon doit faire face à une forte concurrence des sports collectifs et à un faible nombre de clubs, dont la plupart se situent dans le Nord de la France et en région parisienne. Pour parvenir à une telle explosion en France, Amaury Bellanger estime qu’il n’y a qu’une seule solution : « que l’équipe de France de hockey sur gazon fasse un bon résultat dans une grande compétition afin de médiatiser le sport.«
On ne peut pas avoir l’ambition de se dire : on va en quarts. Ça ne sert à rien. L’objectif c’est d’y aller pour une médaille.
Amaury Bellanger
Remis de cette grosse blessure au genou, Amaury Bellenger, qui a mis de côté ses études en période de préparation olympique, se sent désormais à 100%. Il lui a tout de même fallu reprendre confiance la crosse en main, d’abord seul puis au contact des adversaires. « Il y avait de l’appréhension mais mon genou a très bien tenu, petit à petit on prend assez confiance. » À sept mois des Jeux olympiques, c’est plutôt bon signe pour l’Amiénois qui estime avoir réalisé sa meilleure compétition avec l’équipe de France aux derniers championnats d’Europe l’été dernier. Le collectif tricolore de hockey sur gazon est sur la dernière ligne droite avant Paris 2024. Les Jeux olympiques se profilent. Et ils sont forcément déjà dans l’esprit de l’ancien joueur d’Amiens qui aborde cette échéance avec ambition. Il y a aussi cette volonté d’effacer ce fâcheux souvenir d’une participation aux Jeux de Tokyo en 2021 manquée de peu après une défaite face à l’Espagne. Il se souvient : « c’était vraiment dommage parce qu’on voulait disputer une fois les JO avant de connaître l’expérience de Paris 2024. »
Au mois de juillet, l’équipe de France fera partie des douze nations qui tenteront d’aller chercher la médaille olympique. Les Tricolores sont actuellement la neuvième nation au classement mondial. Amaury rêve d’un titre olympique, décroché en France lors des Jeux de Paris 2024, mais il se veut réaliste tout en ne se fixant aucune limite. « L’ambition c’est d’aller chercher une médaille aux JO. Ce serait vraiment le graal. La France n’a jamais eu de médaille au niveau européen ou mondial, donc là, ce serait l’aboutissement de notre carrière. On n’a jamais été proche d’une médaille, pour notre génération, on se permet de rêver. On ne peut pas avoir l’ambition de se dire : on va en quarts. Ça ne sert à rien. L’objectif c’est d’y aller pour une médaille. Le plancher minimum c’est de sortir de cette poule pour aller en quart de finale, ensuite il faudra rêver. Mais quand on s’entraîne autant, on rêve d’une médaille, pas d’un quart de finale. » Il voit aussi ces Jeux olympiques comme une énorme opportunité, « si on veut se faire connaître il va falloir faire un résultat, les JO sont la meilleure occasion, pour nous et pour notre sport. »
César Willot
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