SOCIÉTÉ : La Fédération sportive LGBT+ veut faire progresser les attitudes des sportifs autour des discriminations
La fédération française sportive LGBT+, rassemble plus de 50 associations sportives (lesbienne, gay, bi, trans, +) réparties sur l’ensemble du territoire français, et 8 000 licenciés. Cette dernière lutte contre toutes les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre. En 2023, l’association a même été reconnue par le Ministère des Sports comme Fédération Sportive et d’utilité publique.
Nous avons rencontré lors d’une conférence qui se déroulait à Amiens à ce sujet, Christophe Ducrocq, délégué régional pour les Hauts-de-France de la fédération sportive « Sport LGBT + ». Christophe, l’animateur de cette conférence, nous a fait part de son histoire, lui qui a déjà été indirectement victime de discriminations à son égard dans son club de course à pied, où des coureurs portaient des propos désobligeants, à l’image d’un : « on y va les gars, on n’est pas des pédés. » Christophe souligne « je le perçois mal, mais on ne peut pas dire que ce soit une insulte, en tout cas une insulte à mon encontre parce que le gars n’est pas censé savoir, je n’en ai pas parlé. » À noter que ce type de comportement n’est pas anodin, grâce à une étude de sensibilisation aux discriminations, nous savons que 73 % des personnes LGBT+ ont déjà été témoins d’un comportement homophobe ou transphobe dans le milieu sportif.
La charte Sport&Trans
C’est d’ailleurs pour lutter contre ces comportements qu’une charte Sport et Trans a été créée en 2010. Elle a pour objectif de faciliter et promouvoir l’inclusion des personnes trans et non-binaires et de favoriser leur éducation physique, « il faut expliquer aux gens, aux sportifs, quelle conséquence a la discrimination envers les personnes LGBT, notamment le fait qu’à cause de ça, elles ne pratiquent pas le sport ou qu’elles ont des freins pour le pratiquer ». La charte Sport & Trans a été rédigée en collaboration avec les organismes comme Acceptess-T et Outrans. L’élaboration avec des associations trans a permis d’employer les “bons mots” pour parler sans maladresses aux personnes concernées. « Le sujet, aujourd’hui, est le sujet trans, qui est particulièrement touché par la transphobie dans le sport », met en avant Christophe.
Dans le domaine sportif, on n’évoque pas beaucoup le sujet, notamment parce que « la fédération est encore petite ». Il est tout de même crucial de diffuser et de parler de LGBT phobies dans toutes les régions et clubs de sport, « la journée sera intéressante, parce que l’on parle devant un public acquis à la cause. Mais aussi parce que l’on parle devant des associations vraiment concernées, des associations sportives amatrices. ».
Le sport est souvent organisé de manière systématique avec une répartition femme/homme, sans prendre en compte l’existence d’autres identités de genre. Cela rend invisibles les individus trans et intersexes. Une partie des personnes trans se privent de la pratique sportive par peur de ne pas pouvoir être intégrées : « On peut faire évoluer les attitudes sportives par des journées de sensibilisation. »
Les préjugés dans le sport et les discriminations
En France, 52 % des personnes ayant une culture homosexuelle ont déjà été visées personnellement par un comportement homophobe ou transphobe. Ce chiffre monte à 67 % pour les personnes LGBT + pratiquant un sport d’équipe et 15 % ont arrêté le sport suite à ces comportements. C’est pour cela que maintenant les personnes trans ont du mal à intégrer un club et se demandent : « Comment se présenter dans les clubs de sports ? Comment le club de sport va m’accueillir ? Comment il va me catégoriser ? Est-ce qu’il va me catégoriser en tant qu’homme ou femme ? ».
La liste des critères de discriminations existe bel et bien. Inscris dans le cadre de la lutte contre les discriminations, leur mention vise à protéger les individus contre toute forme de distinction basée sur des caractéristiques précises. Il en existe à ce jour 26 dont font partis : le sexe, l’identité de genre ou encore l’orientation sexuelle. (en savoir plus)
Si l’on dit souvent que le sport efface les différences, il n’en demeure que des exceptions existent encore et que les discriminations nous entourent chaque jour, dans notre quotidien. La Fédération oeuvre pour proposer un cadre inclusif au travers de ses clubs mais agit chaque jour pour garantir et promouvoir cette inclusion dans la pratique du sport partout et tout le temps.
Aujourd’hui, si un(e) licencié(e) d’un club est victime de LGBT-phobie, l’association Flash Our True Colors à Amiens peut intervenir. A une échelle plus large, ou sur d’autres territoire, des associations existent et la Fédération sportive LGBT+ peut également intervenir.
Emma Vannoote
Crédit photo : Théo Bégler – Gazette Sports