PORTRAIT : Lisa Lecompte, une triathlète avec la tête sur les épaules

Lisa Lecompte n’a que 18 ans, et pourtant, elle a déjà tout d’une triathlète confirmée. Avec un palmarès déjà impressionnant pour son jeune âge, celle qui a débuté très tôt le triathlon, pourrait connaître la consécration en octobre, lors des Championnats du monde en Espagne.

Lisa ne laisse jamais vraiment son vélo de côté. En plus de ses 20 à 25 heures d’entraînement hebdomadaires, la Samarienne a choisi de venir à vélo, accompagnée de son père, Eric Lecompte, pour rejoindre nos locaux après une petite demi-heure pour parcourir les kilomètres qui séparent son domicile du centre-ville d’Amiens. Très lucide sur ses objectifs pour une jeune femme de 18 ans, Lisa est revenue pendant plus d’une heure sur les débuts de sa jeune carrière de triathlète, sans oublier ses futurs objectifs.

Les grandes carrières débutent parfois très tôt pour certains sportifs. Lisa Lecompte ne peut pas encore en dire autant sur celle-ci parce qu’elle n’a que 18 ans, mais ses débuts peuvent laisser présager un avenir très prometteur de par ses récentes performances. À peine majeure, Lisa est déjà une triathlète confirmée dans sa catégorie Junior. Licenciée au club du Lys Calais qu’elle a rejoint il y a trois ans, l’Amiénoise cumule déjà un palmarès assez impressionnant : entre autres, elle est championne de France en aquathlon en 2023, Lisa a, en 2024, terminé à trois reprises sur le podium lors de Coupes d’Europe. La jeune Tricolore termine 3e en individuel à Caorle (Italie), 2e à Wels (Autriche) puis 3e à Bled (Slovénie). Récemment, elle est devenue Championne d’Europe de relais mixte en Turquie. À Balikesir, elle a aussi décroché le bronze en individuel.

Le lien qu’elle entretient avec le sport s’est tissé lorsqu’elle était très jeune. À l’âge de six ans, elle débute la natation à l’Amiens Métropole Natation. L’objectif est simple : « Apprendre à nager », se rappelle vaguement Lisa en regardant son père qui hoche la tête pour confirmer. Mais en grandissant, les bassins ne lui suffisent plus. Au collège, elle découvre et se passionne pour le triathlon : « J’ai continué la natation et je suis arrivé en section à La Providence. Là-bas, il y avait les UNSS (Union nationale du sport scolaire) qui proposent plusieurs sports comme le cross. J’ai découvert le triathlon et ça m’a plu parce qu’on change de sport et d’environnement entre le vélo et la course. C’était mieux que juste faire de la natation ».

Pour poursuivre sa passion sportive tout en continuant ses études, Lisa rejoint le CREPS de Reims (Centre de ressource, d’expertise et de performance sportive) en 2021. « Je n’ai pas choisi d’être une athlète de haut niveau, ça m’est un peu tombé dessus, avoue-t-elle avec modestie. Je le suis devenue à la fin de ma classe de seconde, je pense. Ici à Amiens, je ne pouvais pas m’entraîner pour le triathlon, il fallait que je m’entraîne dans trois clubs différents, ce n’était pas possible. » Au CREPS de Reims, la jeune triathlète bénéficie d’un équipement optimal, mais aussi d’aménagements pour concilier la charge d’entraînement et les études.

Quand je ne fais pas de sport, j’ai l’impression de m’ennuyer

Lisa Lecompte, triathlète

Arrivée il y a trois ans, Lisa, qui débute une licence de biologie cette année après avoir obtenu son baccalauréat, va rester au sein du campus rémois pour les trois prochaines années. Ce choix de spécialité réside dans l’envie de connaître davantage le corps humain. « J’aime bien tout ce qui est en lien avec la médecine, mais les longues années d’études sont incompatibles avec le sport de haut niveau. Nous, les sportifs, on aime bien connaître notre corps, on peut être amené à être blessé, donc ça peut m’aider dans ma progression. »

Lisa va encore devoir adapter son quotidien entre les études universitaires et ses entraînements. Mais cela n’a plus vraiment d’impact sur la jeune samarienne : « C’est devenu ma routine depuis quelques années. Quand je ne fais pas de sport, j’ai l’impression de ne rien faire. Je me dis aussi parfois qu’avec les cours, m’entraîner le matin et le soir, c’est une bouffée d’oxygène, ça permet de m’aérer l’esprit. »

L’entourage, gage d’équilibre et d’accompagnement

Au-delà d’un encadrement idéal au CREPS, Lisa Lecompte est très bien entourée. Et cet entourage n’est pas totalement étranger à sa réussite. Son père prend ce rôle d’accompagnant à cœur : « On l’accompagnait sur les compétitions lorsqu’elle était plus jeune. Maintenant on l’aide financièrement pour les études, mais aussi dans le sport. Le triathlon, avec trois disciplines, est un sport qui coûte très cher avec les équipements, surtout le vélo. Les déplacements aussi coûtent cher. » Son entourage l’aide aussi dans sa recherche de sponsors et de partenaires. Une recherche difficile mais Lisa bénéficie déjà du soutien de Dielen Laboratoire, qui lui fournit des compléments alimentaires.

Lisa Lecompte et Eric, son père.

La Samarienne peut aussi compter sur le soutien de son petit copain avec qui elle s’entraîne de temps en temps et qui lui permet de pratiquer le vélo ou la course à pied en étant accompagnée, elle qui ne trouve ça pas très motivant d’être seule lors d’un entraînement. Au CREPS, Lisa bénéficie d’un encadrement sportif très pointilleux. Deux entraîneurs, dont Jérémy Goulier, des kinésithérapeutes, dont un qui lui est attitré, un ostéopathe, un préparateur physique et un préparateur mental, Stéphane Limouzin. Tous sont à ses côtés quasi quotidiennement. Elle est aussi très suivie dans son club à Calais, mais également par la Fédération.

Le triathlon nécessite un bon cocktail d’endurance et de capacité sportive sur trois disciplines bien distinctes, mais Lisa Lecompte, n’en oublie pas l’importance du mental et d’avoir un coach dédié à cet aspect. Elle avoue parfois ressentir de petites peurs face à la multitude de paramètres qui composent sa discipline. « Stéphane Limouzin m’aide à voir les choses différemment, à ne pas voir le mal, mais plutôt le bien. Je n’en ai pas encore fait beaucoup, mais ça m’aide vraiment. Ce sont des petites choses toutes bêtes, mais pendant les courses,, ça aide aussi et ça change tout. »

Si ses modèles sont de grandes championnes, comme Laure Manaudou et Cassandre Beaugrand, récente championne olympique de triathlon lors des Jeux de Paris, Lisa n’envisage pas vraiment d’avoir la même carrière, pour le moment. « Faire une carrière de sportive de haut niveau n’est pas dans les plans de Lisa, en tout cas pour l’instant. Le haut niveau est quelque chose d’épuisant. Je ne me vois pas faire ça pendant dix ans, non stop, explique-t-elle. C’est quand même difficile de se lever tous les jours et de faire trois ou quatre activités physiques à haute intensité. » Dans ce sens, elle ne se voit pas réitérer la même performance dans quatre ans aux Jeux de Los Angeles en 2028.

Lisa Lecompte, qui revient tout juste de Turquie, va découvrir fin octobre les Championnats du monde de triathlon à Torremolinos en Espagne. Pour s’éviter toute forme de pression, la Française ne se fixe pas d’objectif précis, même si l’envie de performer de l’autre côté des Pyrénées est bien présente. C’est d’ailleurs avec cet état d’esprit que Lisa aborde chacune des compétitions auxquelles elle participe. « C’est quand même stressant, alors je fonctionne comme ça et ça m’évite d’invoquer le karma (rires), je n’aime pas ce genre de chose. »

César Willot
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr

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