CYCLISME : Gérard Tribou ne reconnait plus la discipline qu’il a aimée
Presque plus de jeunes, un nombre squelettique de courses organisées dans nos villages et par dessus le marché, une lutte dommageable entre les instances de la FFC et le Comité Départemental de la Somme avec l’UFOLEP.
Ce n’est hélas pas la première fois, ici à Gazette Sports, que nous déplorons l’état déplorable dans lequel se trouve le cyclisme samarien. Les relations entre la FFC et l’UFOLEP n’ont à vrai dire jamais existé, mais, à une certaine époque, la FFC et par conséquent, les ligues et les comités départementaux pouvaient facilement faire obstacle à l’UFOLEP. Aujourd’hui, cette période est rangée aux oubliettes et, qu’on le veuille ou non, il va falloir, tôt ou tard, s’entendre et renouer les contacts. Dans la Somme, ce n’est pas encore pour demain. Pour preuve, l’AC Amiénoise présidée par Gérard Tribou a tenu son assemblée générale annuelle dans les locaux de l’UFOLEP, à Saint-Sauveur, sans la présence des dirigeants historiques licenciés à la FFC qui avaient opposé un refus total de venir rencontrer certains élus UFOLEP comme par exemple le président Dumoulin.
C’est d’autant plus regrettable que cette assemblée générale était la dernière de Gérard Tribou qui a décidé de quitter la présidence qu’il occupait voici environ douze ans. Gérard Tribou avait en effet succédé à Jean Louis Duquesnoy, ancien coureur et qui, voici près d’un demi-siècle, a créé ce club à nul autre pareil, car il avait non seulement des coureurs d’expérience mais aussi des jeunes prometteurs. C’est ainsi, par exemple, que Corentin Ermenault a effectué ses débuts à l’AC Amiénoise qui a toujours comme dirigeant un certain Philippe Ermenault, champion olympique de poursuite par équipes en 1996. Philippe est même vice-président du club.
C’est donc dans les locaux de l’UFOLEP que nous avons rencontré Gérard Tribou, un grand Monsieur du cyclisme, dévoué, désintéressé et qui a aimé le cyclisme par-dessus tout. Il est en effet arrivé à un âge où il est raisonnable de prendre un peu de repos, à 77 ans. « Nous avons été un club formateur avec plein de jeunes qu’hélas, nous n’avons plus aujourd’hui. Je pense que la raison principale est l’insécurité des coureurs sur les routes et les parents ont peur. Aujourd’hui, nous n’avons plus de jeunes et mon successeur va s’efforcer de relancer la machine. »
Quand il est devenu président, l’AC Amiénoise se portait très bien que ce soit au niveau financier ou du nombre de licenciés. « Actuellement, nous avons 57 licenciés et beaucoup sont aussi à l’UFOLEP. Aujourd’hui, sans l’UFOLEP nos clubs ne peuvent pas vivre. Pour moi un gars qui fait du vélo, c’est aussi bien la FFC que l’UFOLEP. Il faut que les gens de la FFC ouvrent les yeux. J’ai peur qu’à un moment donné, il n’y ait plus de club. » Pour Gérard Tribou, FFC et UFOLEP doivent coexister pour permettre de pérenniser la pratique du cyclisme sur route. « Le cyclisme se porte très mal en Picardie. Tout le monde se gave sur les disciplines associées comme le VTT et le BMX mais le cyclisme, c’est la route. L’AC Amiénoise gardera ses deux fédérations car je le répète, si nous quittons l’UFOLEP il n’y aura plus de club. C’est clair. »
Au niveau de la Ligue des Hauts-de-France, pendant une période, on a manqué de transparence financière selon Gérard Tribou. « Nous n’avions jamais les bilans des comptes bancaires et c’est aujourd’hui la catastrophe. Quand je vois qu’on a vendu les locaux d’Amiens au square Darlington et que nous sommes aujourd’hui en location, c’est inadmissible. J’espère que la nouvelle équipe va remettre de l’ordre. Mais pour le moment, c’est clair, la Somme n’y compte pas car tout est pour le Nord. »
Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr