PORTRAIT – Ça plane pour Alexandre Fierain

Pour célébrer l’année 2024, Abbeville a mis à l’honneur ses sportifs. A cette occasion, le pilote de planeur Alexandre Fierain a été mis en avant. Connu pour avoir parcouru plus de 800km au-dessus de la région, sa médaille de bronze aux championnats d’Europe junior en 2023 ainsi que celle de bronze aux championnats du Monde junior en 2024, le jeune Abbevillois de 24 ans ne cesse de prendre les courants ascendants, en témoignent ses 1800h de vol. Rencontre avec ce passionné.

Déjà 10 ans de pratique pour le natif d’Abbeville et vélivole Alexandre Fierain. Il avoue avoir « appris à marcher sur un terrain d’aéronautique. » En effet, son père, Guillaume Fierain, est à l’origine de cette passion. Lui aussi pilote depuis très jeune, il a « refilé le virus à toute la famille ». Avant Alexandre, ses deux grands-frères ont aussi volé sous l’œil de leur père. Cependant, le plus jeune de la fratrie s’est vite démarqué de ses frères, comme nous l’indique G.Fierain : « Là où il a fait différemment des autres, c’est qu’au bout d’un moment, il a volé plus vite que moi, il a gagné des épreuves, d’abord en championnat régional puis en France. On a senti qu’il se passait quelque chose. » Mais revenons à son baptême de l’air en solo, quand il était alors âgé de 14 ans. Son père se souvient de cet instant : « Le premier vol, c’est un peu émouvant parce qu’un gamin de 14 ans qui part tout seul en l’air c’est touchant. » Quelque chose d’unique dont Alexandre Fierain avoue avoir beaucoup appris, notamment sur la maturité. Conscient qu’il était, à ce moment, « responsable de sa vie ». Encore aujourd’hui, il ressent toujours cette responsabilité : « C’est notre vie qui est en jeu. Quand on emmène des copains, leur vie est en jeu. » Passionné depuis sa tendre enfance, l’Abbevillois ne veut pas pour autant en vivre : « Je ne veux pas en faire mon métier. Je ne veux pas être pilote de ligne. » Si le domaine de l’aéronautique est celui dans lequel il souhaite s’épanouir, notamment en tant que mécanicien aéronautique, il aimerait plus particulièrement le faire proche de sa famille : « J’ai travaillé à Toulouse dans l’aéronautique, je suis revenu plus près de chez moi, car j’étais trop loin de ma famille et de mes amis. Je voudrais retravailler dans l’aéronautique, mais dans le coin. »

Concernant sa Baie de Somme natale, les conditions aérologiques sont assez particulières : « Ce n’est pas en faveur du vol en planeur. Du fait de la mer et du nord de la France, on a un climat très froid par rapport au reste du pays. C’est un peu plus compliqué. » Cependant, ce contexte, loin d’être idéal, permet une fierté supplémentaire lors de la réussite d’un beau vol. Il a notamment obtenu le record de distance des Hauts-de-France, avec un vol de plus de 805km. Une performance de haut vol, qui a de quoi surprendre son père : « À Abbeville, on n’est pas les mieux placés pour faire du haut niveau. J’ai fait un peu de compétition mais sans plus. Donc d’où ça vient, je ne sais pas. » Il se remémore la première fois où son fils l’a vraiment dépassé : « Je me souviens une fois en vacances, on devait partir tous les deux et je l’ai attendu pour partir ensemble. Du coup, il est parti devant, et je n’ai jamais réussi à le rattraper. » Alexandre Fierain est passé par les différentes catégories : pôle espoir, équipe de France junior avant d’être surclassé, en 2024, au sein de l’équipe de France senior. A l’instar d’une formule 1, un planeur se prépare et un pilote seul ne pourrait rien faire. Le jeune Samarien compare cela à l’école de la vie. Pour lui, cela se voit par la dépendance aux autres. De fait, sans aide, impossible de décoller. Cette pratique demande une solidarité hors normes, en témoigne son père, désormais membre de son équipage : « Maintenant, je fais de l’assistance. Je fais partie de son crew (équipage). Je suis sur de l’assistance technique. Le planeur, il faut le préparer pour la compétition, c’est comme un pilote de course. Il faut que, quand le pilote arrive, la voiture soit prête. Là, il faut que le planeur soit prêt, et c’est moi qui le fait. » Bien évidemment, il n’est pas seul à aider aux préparations car « des équipes le mette en place le matin, le nettoie, le dé-housse, le mette en piste, règlent les problèmes déceler par le pilote la veille. »

Si le silence en vol est un facteur qui joue en faveur de son amour pour ce sport, la liberté est ce qui a convaincu Alexandre : « La liberté, car il n’y a pas de routes en l’air. On fait ce que l’on veut. En planeur, vu que l’on n’a pas de moteur, on est dépendant de la météo. On fait comme les oiseaux. On ne peut pas voler en hiver, car on dépend de l’énergie solaire et en automne, ce n’est pas terrible. » Les périodes aptes au vol sont assez courtes, avec principalement le printemps et l’été. Enfin, il ressent que la réussite d’un vol va dépendre de lui-même : « Chaque décision que l’on prend en vol va nous permettre de savoir si on va réussir à valider notre objectif, ou devoir se poser dans un champ. C’est ce qui est bien avec le planeur, comme il n’y a pas de moteur, l’échec ou la réussite dépendent de nos décisions. »

Il rêve du plus haut sommet : « Être champion du monde de vol en planeur. » Déjà médaillé dans les catégories inférieures et malgré ses 24 ans, il est sélectionné pour la catégorie senior. Une expérience qui ravit le Samarien : « Je suis vraiment très heureux et très content car je vais pouvoir profiter, apprendre. C’est une opportunité en or !«  Maintenant, place au décollage pour l’Abbevillois, direction les championnats du monde, en juin 2025, à Tabor en République Tchèque.

Cyprien Baude & Léandre Leber
Crédit photo : Alexandre Fierain – DR

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