PORTRAIT – Makoto Takimoto, l’humilité souriante

Makoto Takimoto est un membre historique du judo de par son titre de champion olympique à Sydney, en 2000. S’il a marqué à jamais le judo olympique, il a su poursuivre une nouvelle voie après sa retraite.

Côtoyer un champion olympique n’est pas commun et pourtant deux judokas dorés étaient présents à Amiens : Makoto Takimoto et Séverine Vadenhende, tous deux sacrés à Sydney en 2000, qui plus est le même jour ! Ils étaient présents, dans le dojo de l’UFR STAPS, mis à disposition par M. Louette, pour partager leur savoir et transmettre leurs connaissances à la future génération de judokas. Avec l’aide de Lilian Barreyre, directeur technique régional, à la traduction, le champion japonais a pu expliquer son parcours et ses souvenirs de Sydney.

Père et fils à Amiens !

Bien évidemment, il était invité pour faire part de sa riche connaissance du judo, mais également dans le cadre de sa thèse universitaire, car même à 50 ans, il n’est jamais trop tard pour apprendre. Son sujet est original et est axé non sur le Japon, mais sur la France et plus particulièrement les facteurs derrière l’attrait du judo au sein de l’hexagone. Car pour une fois, le judo français est en avance par rapport à celui du pays du soleil levant. « Je pense qu’il y a beaucoup de choses à apprendre du judo français. Au Japon, il y a beaucoup de choses sur lesquels la fédération ne réfléchit pas aux à côtés pour développer le judo. La fédération japonaise réfléchit essentiellement au judo compétition, dan » analysait le champion olympique. En effet, afin de populariser ce sport, de nombreuses activités sont proposées comme le judo scolaire ou encore le parajudo. Deux autres façons de visualiser et vivre cet art martial.

Makoto Takimoto (à droite) en échange avec Léandre Leber et Lilian Barreyre (second plan, à gauche)

En plus de ses recherches, l’autre raison derrière sa présence en terre samarienne est le stage en milieu scolaire de son fils, à Amiens, plus précisément au PEFA. Le contact et l’opportunité s’étant présentés grâce à « une personne qui vit au Japon, mais qui est issu du judo en France. » Il est vrai que l’on pourrait supposer qu’en étant fils de judoka, le jeune homme se serait dirigé vers ce sport. Alors, il a pratiqué pendant un temps, mais comme le disait son père sur le ton de la rigolade : « Il s’est rendu compte que c’était extrêmement douloureux (rires). Quand on est projeté, ça fait mal. S’il avait continué il aurait été meilleur que moi. » Finalement, l’athlète en herbe s’est dirigé vers le football, une pratique bien différente et qui semble aux antipodes du judo. Cette transition semble se rapprocher du grand écart, pourtant Makoto Takimoto est adepte de la transition entre discipline.

Le MMA dès 2004

Il est bien difficile de vivre du judo et en 2004, le champion olympique découvre une nouvelle discipline : le Mixed Martial Arts (MMA), à l’occasion de la 28e édition du Pride Fighting Championship à Saitama. Lors des débuts de cette discipline, de nombreux judokas s’étaient aventurés dans ce nouvel environnement. Certains avec beaucoup de succès, comme l’Américaine Ronda Rousey, médaillée de bronze à Pékin en 2008 et championne de l’UFC de 2012 à 2015. Lorsqu’on demande à Makoto Takimoto pourquoi avoir transitionné vers le MMA, il répond sans fioritures : « Pour être simple et factuel, l’argent. »

Enseigner et transmettre, une véritable passion

Son bilan dans ce nouvel art martial est positif, avec six victoires pour cinq défaites. Il se retirera de l’octogone en avril 2010, en même temps que son compatriote Hidehiko Yoshida. En effet, la préparation est sans aucun doute bien différente entre le judo et le MMA ne serait ce que pour les coups. « C’est différent, » commençait le Japonais avant de poursuivre en français : « C’est difficile ». Sa victoire de renommée est sans doute celle sur décision partagée contre l’ancien champion de l’UFC, Murilo Bustamante. Une seconde carrière réussie au sein d’un sport alors encore en train de balbutier ses premiers mots.

Sydney, l’apogée

Peu connu avant les Jeux olympiques de Sydney, avec comme seul succès majeur une médaille d’or en 1995 lors des Jeux asiatiques à New Delhi, il allait pourtant devenir le troisième Japonais à s’imposer en -81kg. Il se souvient de cette époque : « J’étais en pleine possession de mes moyens et de ma force physique. J’ai vraiment réussi à faire le judo que j’espérais, au maximum de ce que j’avais pu espérer. » Un tournoi olympique de haute volée durant lequel il fera d’abord tomber le Kazakhe Ruslan Seilkhanov, puis l’Argentin Dario Garcia, l’Uruguayen Alvaro Paseyro et le Français Djamel Bouras en demi-finale. Avec une médaille assurée, il affrontait le Sud-Coréen Cho In-Chul pour le titre. Un combat difficile mais que le Japonais allait remporter pour succéder à Toyokazu Nomura (1972) et Hidehiko Yoshida (1992).

Toujours présent lorsque les tatamis l’appellent, il n’hésite jamais pour remettre le judogi afin de transmettre ses connaissances. « Je suis très heureux de pouvoir faire ça » contait le judoka japonais avant de poursuivre : « C’est vraiment super. » Son statut olympique marque les esprits pourtant, loin d’avoir les chevilles gonflées, Makoto Takimoto fait preuve de franchise et approche la vie simplement.

Cyprien Baude
Interview : Léandre Leber
Traduction : Lilian Barreyre
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr

Leave a Comment

Your email address will not be published.

Start typing and press Enter to search