HANDBALL : Arbitre, un sportif à part entière
Rencontre avec 4 Juges Arbitres Jeunes (JAJ) de l’Amiens Picardie Handball et leur référente Séverine Barbezat, à l’occasion de notre thème sur l’arbitrage dans le sport amateur.
Pouvez-vous vous présenter ?
Mohamed Benmaiza : Je m’appelle Mohamed, j’ai 18 ans, je suis jeune arbitre depuis que je suis en -13, ça fait donc 5 ans à peu près. Je suis aussi joueur à l’APH et à la section sportive Handball du lycée Delambre.
Theyss Nguyen : Je m’appelle Theyss, je suis arbitre depuis les -13 aussi, j’ai 16 ans et je suis joueur à l’APH et également à la section sportive.
Étienne Naudé : Je m’appelle Étienne, j’ai 15 ans, je suis l’APH depuis 9 ans, je joue en championnat régional -15, j’ai commencé à arbitrer en -13 et la je continue sur l’arbitrage.
Elliot Olenga : Je m’appelle Elliot, j’ai 14 ans, je joue à l’APH depuis cette année seulement en -15. J’arbitre un peu en -13 mais je vais commencer de façon plus intense cette année.
Séverine Barbezat : Je m’appelle Séverine Barbezat et je suis animatrice de l’école d’arbitrage de l’Amiens Picardie Handball. Mon rôle est de détecter des jeunes joueurs et de les former sur l’arbitrage, les suivre, et évaluer leurs capacités lors des rencontres. Étant une ancienne arbitre pendant plus de 10 ans ce rôle de transmission était pour moi important.
Comment êtes-vous arrivé dans l’arbitrage du handball?
MB : On a tous commencé jeune, je pense en -11, à partir de ce moment là Séverine nous a proposé d’arbitrer et donc on a continué.
TN : En plus de ça l’arbitrage peut être quelque chose de bénéfique, même en tant que joueur, ça peut nous aider en fait, on comprend mieux les règles, ce ne peut être que du bonus.
EN : Moi quand j’arbitre, je ne vois pas ça comme une contrainte, comme le handball est déjà une passion pour moi. Après quand Séverine m’a proposé j’avoue qu’au début je n’étais pas emballé, mais quand j’ai commencé je me suis dit qu’au final c’est un truc qui me plaît et en même temps ça me permet de m’investir dans le club.
Qu’est ce qui vous plaît dans l’arbitrage ?
MB : De faire en sorte que tout se passe bien, qu’un match se déroule dans les meilleures conditions. Pour les joueurs c’est quand ils gagnent. Pour un arbitre je pense que c’est lorsqu’il n’y a pas eu de grosses sanctions et que les 2 équipes sont contentes.
« Il faut montrer de la prestance, être concentré, attentif »
Mohamed Benmaiza, JAJ à l’APH
Quelles sont les qualités à développer pour être arbitre selon vous ?
TN : Il faut faire attention, bien regarder, être autoritaire parfois et savoir expliquer aussi.
MB : Je pense qu’en tant qu’arbitre ça va être plus un travail mental que physique, même si un arbitre court beaucoup pendant le match aussi. Par exemple, quand tu veux mettre une sanction, ce n’est pas : tu siffles, tu restes à l’écart et tu montres la faute. C’est : tu cours, tu te mets bien devant le joueur. Il ne faut pas hésiter et montrer que tu y vas et que tu es là surtout. Tu utilises ton corps pour montrer la faute, tout est dans la gestuelle. Il faut montrer de la prestance, être concentré, attentif.
EN : En fait il faut au maximum rester droit et cohérent, c’est à dire suivre toujours la même trame durant tout le match. Et ça c’est compliqué.
Quel autre(s) point(s) positif(s) pouvez-vous trouver à être arbitre ?
EN : Je pense qu’en étant arbitre, on a une très bonne vision du jeu. Comme on regarde le match de l’extérieur mais qu’en même temps on est dans le match, comme lorsqu’on est joueur, on arrive à mieux se repérer dans l’espace.
MB : Et en plus ça fait de l’argent de poche un peu puisque le club nous verse une toute petite indemnisation (5€/match).
Votre perception des arbitres quand vous êtes joueur a-t-elle évolué ?
MB : Pour moi oui, par exemple dans mon équipe quand certains joueurs s’emportent sur les arbitres je vais plutôt avoir tendance à essayer de les calmer. En fait, ce n’est pas facile d’arbitrer, surtout que parfois des arbitres se retrouvent tout seul c’est compliqué. C’est pour ça qu’on ne peut pas reprocher tout à l’arbitre tout le temps. Certains font des erreurs, ok, mais c’est humain. Donc si en plus on est sur leur dos, à tout le temps crier, ça ne va pas aider le jeu.
Est-ce que vous vous voyez continuer à l’avenir, une carrière d’arbitre ou plutôt une carrière de joueur ?
TN : Une carrière de joueur je ne sais pas on est un peu vieux avec Mohammed pour ça, mais en tant que arbitre moi je ne sais pas c’est à voir avec le temps, mais ça me dérangerait pas je serais prêt.
MB : Je préférerai aussi être joueur, mais en soi ça ne me surprendrait pas qu’un jour je finisse arbitre avec un certain niveau, car je ne compte pas arrêter l’arbitrage, je compte continuer les 2 : joueur et arbitre à la fois. Donc pourquoi pas, j’aime bien !
Comment le club s’investit sur cette formation des JAJ ?
SB : A l’APH, en qualité d’animatrice de l’école d’arbitrage, je suis considérée comme un entraîneur, les entraîneurs ont leur collectif, j’ai donc mon collectif jeunes arbitres. Le fait de positionner l’arbitrage au sein des équipes techniques, de formations donne une vraie reconnaissance au corps arbitral du club. De par cette dynamique, les jeunes arbitres ont déjà quelques années de pratiques et ils sont les grand frères des autres de demain qui sont souvent les frères et sœurs mais aussi des amis. Mais voilà c’est un investissement réel comme si j’avais 3 entraînements par semaine avec eux. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui j’ai des jeunes qui s’engagent chaque année.
« C’est un investissement réel comme si j’avais 3 entraînements par semaine avec eux«
Séverine Barbezat Sauve, animatrice de l’école d’arbitrage à l’APH
L’école d’arbitrage est une obligation fédérale, elle oblige les clubs nationaux et régionaux à avoir une école d’arbitrage sinon ce sont des pénalités en termes de points sur l’équipe première. C’était aussi une volonté de ma part étant aussi une ancienne arbitre durant plusieurs années, donc je me sens aussi en légitimité d’en parler. Pour mener à bien l’école d’arbitre j’ai des accompagnateurs de JAJ dans l’équipe qui assurent les présences lors des matchs de week-end.
Avez- vous des jeunes qui d’eux mêmes viennent vous voir pour devenir arbitre ? Ou ce sont d’abord des joueurs qui se tournent vers l’arbitrage ?
SB : Ce sont d’abord des joueurs, c’est-à-dire que mon rôle en tant qu’animatrice de l’école d’arbitrage c’est à la fois de faire de la qualité avec un groupes de jeunes arbitres mais aussi de faire de la quantité, donc d’en détecter un maximum pour pouvoir assurer toutes les rencontres du samedi après-midi ou du week-end.
En début d’année, je fais le tour de tous les créneaux d’entraînements et de toutes les catégories d’âges, afin de me présenter, expliquer à quoi je sers, et pour faire du lien avec les jeunes qui auraient envie et qui sont hésitants. Et du coup je m’appuie aussi sur les jeunes que j’ai actuellement pour qu’ils soient ambassadeurs en quelque sorte et partager leur ressenti et leur vécu.
Mais il faut aussi allier études et plaisir en plus de l’arbitrage car c’est du temps supplémentaires donc il y en a qui viennent essayer une année voir comment cela se passe. Donc ça fluctue dans les groupes. Et puis une fois que j’ai mon groupe constitué, au sein de celui-ci j’y fais des groupes de niveau parce que je peux avoir de toutes sortes : un jeune âgé de 15 ans avec 5 ans de pratique ou bien un âgé de 18 ans et débutant dans l’arbitrage. Je me fixerai donc un objectif de formation qui n’est pas le même avec un seul leitmotiv qui est prendre du plaisir à ce que l’on fait et y revenir. Je leur demande aussi d’avoir une préparation tel un sportif pendant le match lorsqu’il rentre sur le terrain. Ce qui n’empêche pas de pouvoir rigoler après avec leurs copains car le handball c’est avant tout être ensemble et partager.
Hugo Degl’innocenti et Leandre Leber
Crédits Photos : DR