HANDISPORT : La pratique du Tennis Fauteuil s’émancipe

Licencié de l’AAC Tennis, David Sueur 49 ans, pratiquant de Tennis-Fauteuil, fait le point avec nous sur cette pratique longtemps marginalisée. 

Créé dans les années 1980, le Tennis-Fauteuil est devenu en quelques années l’une des disciplines handisports les plus populaires. Ce sont aujourd’hui près de 45 pays qui pratiquent cette activité à travers le monde. Qu’il se joue en simple ou en double, en loisir ou en compétition, le tennis fauteuil est accessible à toute personne atteinte d’une déficience physique, nécessitant une pratique obligatoire en fauteuil roulant, mais aussi aux personnes sourdes et malentendantes.

David Sueur, à l’AAC Tennis

Compétiteur dans l’âme et sportif de la première heure, David Sueur, en situation de handicap depuis l’âge de 15 ans suite à une compression médullaire qui lui a fait perdre l’usage partiel de ses jambes, commence ce sport à l’AAC Tennis il y a 4 ans. Et non sans difficulté. Très peu développé il y a encore quelques années, il aura fallu, sous l’impulsion de sa présidente Karla Mraz, la création d’une section au sein du club de tennis amiénois. “J’étais en recherche d’un club qui proposait du tennis sauf qu’à l’époque aucun club ne le proposait. Le club le plus proche était à 1h de route ce qui était un peu compliqué pour moi. Et il s’est avéré que l’AAC a ouvert une section il y a 5 ans donc j’ai sauté sur l’occasion, c’était vraiment une volonté de ma part depuis des années de pratiquer le tennis.” 

Il ne faut pas se leurrer, le premier frein pour la pratique du sport quel qu’il soit c’est l’accessibilité. Il y a un vrai travail à faire à ce niveau là dans les clubs

De manière générale, c’est tout le sport handicap qui est aujourd’hui en pleine mutation. De plus en plus de clubs proposent désormais des sections handisports et de sport adapté. L’organisation des Jeux Paralympiques à Paris en 2024 a sans doute contribuer à accélérer cette dynamique mais un gros travail reste à faire dans les clubs, notamment en terme d’accessibilité comme le constate David Sueur : “Il ne faut pas se leurrer, le premier frein pour la pratique du sport quel qu’il soit c’est l’accessibilité. Il y a un vrai travail à faire à ce niveau là dans les clubs. “ 

Quoi qu’il en soit, les choses avancent dans le bon sens, de plus en plus de démonstrations et d’initiations sont mises en place par les ligues qui souhaite promouvoir le handisport. La communication autour de la pratique s’est elle aussi intensifiée.  “Je constate qu’il y a de plus en plus de personnes qui souhaitent pratiquer cette discipline. On sent vraiment une émulation à ce niveau là et c’est bien parce qu’il y a encore 20-25 ans on n’avait pas la possibilité de pousser les portes d’un club pour essayer le handisport, c’était très compliqué. Maintenant c’est un plus facile d’accès, il y a plus de communication autour de la pratique.”

Le sport apporte beaucoup de choses dans la vie, il ne faut surtout pas s’enfermer à cause du handicap

Derrière l’intensification de ces actions, la stratégie des ligues et des fédérations est aussi d’attirer les jeunes, un public peut-être plus difficile à convaincre. C’est en tout cas ce que souhaiterait David Sueur, qui nous rappelle plein d’optimisme ce que lui a apporté le sport : “Le sport apporte beaucoup de choses dans la vie, il ne faut surtout pas s’enfermer à cause du handicap. Ça fait aussi office de rééducation, c’est vraiment thérapeutique, au niveau mental, au niveau social, on rencontre du monde, c’est un véritable échange. Il faut se dire que le handicap n’est pas une fin en soi.”

Un tournoi sera d’ailleurs organisé l’année prochaine par l’AAC, toujours dans cette optique de “promotion du sport” comme le précise David Sueur qui souhaiterait à l’avenir pérenniser ce projet et créer un véritable rendez-vous Tennis-Fauteuil à Amiens “Avec la directrice qui est très motivée je suis très confiant. De toute façon avec le sport, l’idée c’est qu’il n’y est plus de minorité, de discriminations, que tout le monde puisse vivre sa passion.” 

Car oui le sport permet de vivre des moments uniques, des moments qui sortent de l’ordinaire, comme nous le raconte David Sueur “C’était un de mes premiers tournois en compétition de tennis fauteuil qui se déroulait à Paris à l’Accor Hotels Arena en même temps que l’Open de Bercy pro. Je devais traverser le hall donnant accès aux courts annexes pour mon match mais le service de sécurité m’invite à patienter avant d’entrer sur le court. Quelques secondes après, je vois Djokovic sortir des vestiaires pour aller s’entraîner et passer à quelques mètres de moi et me faire un petit geste amical. Était-ce un signe ce jour-là ? J’ai gagné mon match.”



Timothée Hallet et Morgan Chaumier
Crédit Photos : David Sueur

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