ÉDITO : Le tennis fauteuil ne roule pas sur l’or
Si plusieurs des meilleurs joueurs français de paratennis sont à Amiens en cette fin de semaine, on ne reverra pas l’élite mondiale le mois prochain au Touquet. Tournoi annulé pour raisons financières…
Il y a presque un an, la Ligue des Hauts-de-France de tennis lançait fièrement l’Open international de tennis fauteuil, au Touquet, dans le cadre magnifique du centre tennistique Pierre de Coubertin. L’événement prenait la suite de l’Open de la baie de Somme créé dans les années 2000 au TC Rue – Le Crotoy puis déplacé à l’Amiens AC jusqu’en 2019. Organisé fin mai, il trouvait une date idéale sur le calendrier, permettant aux meilleurs joueuses et joueurs mondiaux d’enchaîner avec Roland-Garros.
Les étrangers, en tête desquels la star japonaise Shingo Kunieda, avaient ainsi l’occasion de s’acclimater à la France et à la terre battue avant le Grand Chelem parisien. Ce tournoi marquait en prime la renaissance d’un Open suspendu à cause de la pandémie en 2020.
Tout laissait à penser que l’événement allait s’inscrire dans la durée au Touquet. Mais patatras ! Le mois dernier, la Ligue régionale annonçait ne pas être en mesure de boucler le budget de la 2e édition. Les 340 000 € prévus sont devenus rédhibitoires. « Plusieurs partenaires nous ont dit : c’est formidable ce que vous faites, mais cette année, on ne peut pas vous aider… » explique-t-on, la mort dans l’âme, à la Ligue des Hauts-de-France.
La guerre en Ukraine, avec la flambée des prix qui en découle et les suites de la pandémie ont eu raison de la bonne volonté des mécènes dans une région où un euro, c’est un euro. La moitié du budget était dédiée à l’hébergement des joueuses et joueurs. « Pour nous, c’est vrai que c’était le grand luxe ! Mais au Touquet, en matière d’hôtellerie, il n’y a pas vraiment le choix » explique le Nordiste Nicolas Vanlerberghe, N° 10 français, présent ce week-end à l’Open Cellenza d’Amiens et qui avait reçu une wild card pour Le Touquet en 2021.
Le tableau messieurs avait rassemblé sept joueurs du Top 10 mondial, dont les charismatiques leaders français Stéphane Houdet et Nicolas Peifer. Il s’était terminé sur la nette victoire de l’Argentin Gustavo Fernandez (N°2) aux dépens de Shingo Kunieda. Quant au tournoi féminin, il avait mis à l’affiche quatre des dix meilleures mondiales. En finale, la N°1 de l’Open, la Japonaise Yui Kamigi, avait dominé la Britannique Jordanne Whiley au terme d’une partie acharnée de 2h10 (photo à la une).
Certes, le déroulement du tournoi avait dû composer avec l’état des terrains : jouer sur terre battue extérieure en mai au nord-ouest de Paris peut se heurter à des conditions humides… Si le temps était resté sec durant la compétition, la pluie des jours et semaines précédents avait imbibé les courts annexes. Le Central n’avait même été déclaré praticable que pour les finales, trop humide jusque là, mais davantage, entendait-on, à cause de la piscine voisine que de la météo…
Et la semaine dernière, on apprenait qu’Annecy relevait le défi pour accueillir dès cette année ce tournoi de préparation à Roland-Garros. De quoi se réjouir pour les joueuses et joueurs si méritants. Mais de quoi se désoler pour les Hauts-de-France où l’on ignore si l’on reverra un jour ces championnes et champions. La roue tourne, pour le tennis fauteuil… En espérant qu’à Annecy, il n’y ait pas le feu au lac dès l’an prochain.
Vincent Delorme
Crédit photos : DR et Vincent Delorme (Gazettesports.fr)