SPORT HANDICAP : Léo Lagrange a toujours une place à sa table
Jean-Claude Dubois, président de Léo Lagrange Tennis de Table, a développé une passion pour la pratique du sport adapté, quitte à parfois mettre de côté la compétition traditionnelle.
Jean-Claude Dubois, tout jeune retraité de 62 ans, jouait déjà au club Léo Lagrange petit. Après avoir pratiqué le tennis de table à l’Amiens STT pendant plusieurs années, il a décidé de devenir président du club de son enfance en 2007.
Amiens Léo Lagrange Tennis de Table est aujourd’hui connu pour donner une place importante au sport adapté. De nombreux joueurs viennent y jouer régulièrement, que se soit pour le mode de jeu traditionnel ou le sport adapté. Le club compte une vingtaine de licenciés sport adapté aujourd’hui. « On fait souvent des tournois multi personnes d’IME. On a aussi une personne qui joue en compétition avec nous. Notre but, et celui de tous les éducateurs, c’est qu’ils viennent par eux-mêmes au bout d’un moment, enfin ceux qui ont les moyens physiques de le faire. Je suis fier de pouvoir dire qu’on est un des meilleurs clubs de la Somme en sport adapté, tous sports confondus », explique Jean-Claude Dubois.
Le club occupe des locaux prêtés par Amiens Métropole et compte à ce jour 102 licenciés, dont 35 qui font de la compétition et 45 qui viennent pour le loisir. « Nous sommes affiliés non seulement à la FFTT, à la Fédération Léo Lagrange et aussi à la Fédération sport adapté. On l’a rejointe vers 2015. Au début c’était vraiment avec le centre de la Croix-Rouge, ils venaient jouer avec nous de temps en temps, et après on a développé ce côté sport adapté grâce au Comité Somme Sport Adapté, dont je suis président maintenant. »
Lors de sa création, le club portait une attention particulière aux compétitions, avec une équipe en Régionale 3. Puis à cause du départ de certains joueurs, le club a été contraint de se retirer du niveau régional et joue maintenant en Départementale. « Depuis les années 70, on a toujours été en Régionale, cette année on est obligé d’arrêter parce que deux personnes sont parties, mais ce n’est pas ma priorité de remonter », explique Jean-Claude Dubois.
Dès 2008, le club Léo Lagrange Tennis de Table s’est investi dans le sport adapté, motivé également « parce qu’on devait trouver de l’argent pour payer un salarié », souligne le président. « Cela nous a permis d’avoir un financement supplémentaire, et après c’est devenu pour le vice-président, Vincent Kehren et moi-même une passion. La preuve en est, lui est maintenant trésorier et moi président du Comité Départemental du Sport Adapté de la Somme. »
Amiens Léo Lagrange Tennis de Table est ouvert à toutes formes de handicaps psychiques, jusqu’à l’autisme. Quatre bénévoles du club ont fait l’AQSA, une formation spécifique sport adaptée, pour pouvoir accueillir des IME et des foyers de vie, afin de permettre au plus grand nombre d’avoir accès à la pratique sportive.
Très investi dans la pratique du sport pour tous, le club relance même le championnat de la Somme de tennis de table sport adapté. « C’est nous qui l’organisons depuis 2017, avec le CD Somme sport adapté et Léo Lagrange Tennis de Table. Ça se passe ici, avec toutes les catégories du sport adapté, mais aussi les vétérans, les séniors, les benjamins, cadets et juniors ». En compétition sport adapté, le format de jeu est un peu différent et plus souple que la compétition traditionnelle. Les règles changent en fonction des catégories, de la mobilité et la capacité à comprendre de chacun. « Dans ce milieu-là, les joueurs sports adaptés sont dans un enthousiasme que l’on ne connaît pas toujours dans le milieu traditionnel, je trouve ça génial », ajoute le président. S’il existe des compétitions spécifiques sport adapté, rien n’empêche les joueurs de se confronter à la compétition traditionnelle, même si les adversaires ne sont pas toujours coopératifs.
Personne ne reste sur le banc
Le sport adapté, « amène un autre visage, on a l’impression d’être un club très ouvert vers tout le monde, parce qu’on accueil aussi pas mal de personnes qui n’ont pas forcément de moyens. Je ne veux pas empêcher les gens de faire du sport pour des problèmes d’argent. Le fait d’avoir développé le sport adapté nous ouvre un petit peu sur d’autres horizons. Au sein du club, le regard des gens a changé, et je ne suis pas le seul à dire que je ne vois pas de différence. »
Le club Léo Lagrange Tennis de Table est avant tout un club où le maître mot reste le partage. « Moi ce que je veux ici, c’est qu’il y ait des loisirs. Dans d’autres clubs, les loisirs jouent d’un côté et les compétiteurs de l’autre, nous on ne se pose jamais la question, on joue tous ensemble. Si quelqu’un arrive et n’a pas trop de moyens, je luis dis : tu joues et tu paieras quand tu pourras », ajoute Jean-Claude Dubois. « Personne ne reste sur le banc, quelqu’un qui arrive et qu’on ne connaît pas s’intègre automatiquement. » En dehors de la pratique, le club a l’habitude d’organiser régulièrement des repas pour passer un moment tous ensemble.
Jean-Claude Dubois cherche à développer des moments conviviaux : « j’aime bien aussi faire d’autres activités que le tennis de table, parce que celui qui est le plus fort ici, à la table, n’est pas forcément le plus fort au karting ou au bowling. »
Pour mener à bien toutes ces activités et ces entraînements, le club est en grande partie composé de bénévoles. Quand il organise une journée sport adapté, le club a la chance de pouvoir compter sur une douzaine de bénévoles, pour la plupart retraités. Financièrement, « le Conseil Départemental est assez généreux avec nous. Depuis quelques années, ils sont vraiment super et nous donnent ce qu’on demande. Amiens Métropole aussi, du fait qu’on réorganise le championnat de la Somme, ils nous aident pour ça. »
Dans les années à venir, outre la poursuite du développement du sport adapté et l’amélioration de ses infrastructures avec l’aménagement de nouveaux vestiaires, le club souhaite accueillir des féminines et développer le nombre de jeunes. Jean-Claude Dubois garde, quant à lui, intacte sa passion pour le sport adapté et l’ambition de développer encore plus le sport adapté.
Charlotte Lecot
Crédit photos : DR