SPORT HANDICAP : Les Spartiates de Beauval à l’assaut du para basket-ball adapté
En association avec l’Institut Médico Educatif de la Somme, les Spartiates de Beauval proposent une section Sport adapté en basket, la seule de la Somme.
Créé en 2020, le Spartiates Beauval Basket-Ball est donc un très jeune club qui n’hésite pas à sortir des sentiers battus. Christophe Monseur, le président du club et Aymeric Nercisse, licencié au club et éducateur spécialisé pour l’ADSEA80 et l’IME de la Somme nous explique leur projet de sport adapté qui prend forme.
Un projet et un club tout neuf qui se rencontrent
« Le club a été créé en 2020 en pleine période Covid. A l’origine, c’était une simple équipe loisirs qui voulait avoir son autonomie. On est donc parti avec une quinzaine d’adhérents pour prendre du plaisir ensemble » : voilà comment Christophe Monseur résume la création du club de basket de Beauval. Parallèlement, Aymeric Nercisse, éducateur spécialisé à l’IME de la Somme propose un projet : « À l’origine, dans l’institution où je travaille, on a un gymnase. Ce projet avait été validé mais on m’avait dit qu’il fallait que je trouve un autre gymnase car celui de l’IME est surchargé. Malheureusement, trouver un gymnase sur la métropole amiénoise n’est pas facile. Dans le même temps, je venais de m’inscrire au club de Beauval. J’en parle au président, qui en parle à son tour au bureau et le club a accepté de se lancer dans ce projet avec moi ».
Président d’un club désireux de se développer, Christophe Monseur a su voir l’opportunité de se lancer dans ce projet : « On avait dans l’idée de développer le club, de ne pas rester avec une seule équipe mais la proximité avec un autre club qui possède déjà des équipes dans toutes les catégories d’âges était un frein pour nous. On a donc choisi de s’orienter vers des disciplines différentes et originales« . Un projet qui a notamment permis de donner de la visibilité au club.
On sait très bien qu’à Beauval on ne fera pas du haut niveau, mais on peut développer autre chose.
Aymeric Nercisse
Aymeric Nercisse voit dans la jeunesse de ce club un avantage plutôt qu’un inconvénient pour le lancement du projet sport adapté : « c’est un club qui n’est pas encore tombé dans une routine, c’est un club naissant qui doit encore trouver son identité. On sait très bien qu’à Beauval, on ne fera pas du haut niveau ou ce genre de choses, mais on peut développer autre chose. La FFBB délivre le label citoyen à des clubs qui ont des démarches avec des visées solidaires etc. Et je pense que c’est une bonne façon de se créer une identité. Pour se démarquer, c’est une bonne chose ».
De la compétition en sport adapté qui veut s’ouvrir aux autres IME
Un des objectifs est de « pouvoir engager ces jeunes en championnat, nous explique Christophe Monseur : « On voudrait vraiment avoir une équipe compétitive, surtout que dans le département de la Somme, il n’y a pour le moment pas d’autres équipes ». Avec actuellement huit jeunes, l’équipe n’est pas encore tout à fait prête pour s’engager en championnat mais les choses avancent dans le bon sens nous confie Aymeric Nercisse : » A la base, le projet est destiné aux jeunes de l’institution où je travaille, l’IME de la Somme, ADSEA 80 à Dury. Petit à petit, ça a semblé intéresser et plaire. Et la situation géographique de Beauval fait que l’IME de Doullens semble également intéressé ».
Cette équipe devrait donc compter de plus en plus de membres, d’autant plus que l’éducateur spécialisé espère voir d’autres jeunes du SESSAD (Service d’éducation spéciale et de soins à domicile) d’Amiens intégrer l’équipe prochainement.
Le basket : un outil et un prétexte
Passionné de basket depuis longtemps, cela semble normal à Aymeric Nercisse d’intégrer du sport à son activité professionnelle. Pour lui « le basket n’est qu’un prétexte pour évoluer, progresser et mettre un peu sa situation de handicap derrière soi ». Il précise que c’est son « sport de prédilection, mais je pense que tout type de sport est bon pour des jeunes en situation de handicap. Les jeunes que j’ai ont des déficiences légères ou moyennes. Ou alors des troubles du comportement associés. Ce sont des jeunes qui ont besoin du sport pour travailler tout ce qui est de l’ordre du rapport aux cadres, à la règle, à la compréhension des consignes, au travail en équipe, l’estime de soi, appréhender le regard des autres. D’un point de vue éducatif, le sport apporte beaucoup. Après, le basket en lui-même apporte tout un côté psychomoteur pour des jeunes qui ont des besoins comme connaître sa gauche et sa droite, en haut, en bas, se repérer dans l’espace, coordonner ses mains, ses yeux et ses pieds, autrement dit la proprioception, le latéralisation etc. »
Pour moi, ça a toujours été important que les enfants, (…) en grandissant, ne deviennent pas des adultes qui jugent les personnes en situation de handicap.
Aymeric Nercisse
Une double casquette éducateur – basketteur qui ne gêne absolument pas l’éducateur de 44 ans, bien au contraire : « Depuis longtemps, je mets de l’éducation dans mes entraînements, ce n’est pas la première fois que j’ai des jeunes en situation de handicap dans mes équipes. J’ai déjà entraîné et j’ai toujours pris les jeunes qui voulaient jouer, peu importe qui ils étaient. Pour moi, ça a toujours été important que tous les enfants apprennent à être avec tous les enfants pour qu’en grandissant, ils ne deviennent pas des adultes qui jugent les personnes en situation de handicap. »
Et plus que la simple pratique pure, Aymeric Nercisse veut également se servir du sport comme un outil de socialisation, avec notamment l’organisation de sorties. Le 29 mars dernier, les bénéficiaires du projet Sport adapté ont pu assister à la rencontre de Pro A opposant l’ES St Michel – Le Portel à Nanterre. Une sortie notamment rendue possible grâce à l’accord entre le club beauvalois et l’IME de la Somme mais également grâce au bon accueil du club de la Côte d’Opale, nous explique Christophe Monseur : « Les démarches ont été entreprises par Aymeric, c’est aussi l’avantage d’être sous convention avec l’IME, puisqu’on partage notre structure, notre matériel, notre entraîneur. Les frais de transport n’étaient donc pas à la charge du club. L’ESSM a répondu favorablement quand le projet a été présenté et ils ont proposé des tarifs réduits sur les places. »
Une sortie qui avait plusieurs buts pour Aymeric Nercisse : « Dans le projet que je mets en place, on fait un gros travail sur la socialisation. On a des jeunes qui souvent au-delà de leur handicap sont en situation de précarité, ils n’ont pas pour habitude faire des sorties dans des lieux de culture quels qu’ils soient. Pour moi, aller voir un match, c’est autant une sortie culturelle qu’aller au ciné. L’idée c’est de les mettre au milieu de 3000 personnes et de leur montrer comment on se comporte et comment on se tient, quels sont les codes. C’est ça que je travaille dans cette sortie mais également l’envie de leur en mettre plein les yeux en allant voir une équipe professionnelle qui évolue au meilleur niveau dans notre pays. »
Un club qui veut donner l’exemple
Une fois que notre structure sera mise en place, on aimerait également proposer aux équipes proches d’un IME de développer leurs propres sections Sport adapté.
Christophe Monseur
Un projet de sport adapté auquel le président des Spartiates, Christophe Monseur, espère bien donner une suite : « On essaiera de développer des équipes dites “classiques” où les enfants qui jouent en Sport adapté pourront rejoindre ces équipes dans le but de favoriser encore plus l’inclusion. Une fois que notre structure sera mise en place, on aimerait également proposer aux équipes proches d’un IME de développer leurs propres sections Sport adapté pour développer le sport adapté et inclusif dans la Somme. » Une ambition qui pourrait permettre de voir le para basket-ball adapté s’installer dans le département.
Deparis Maxime
Crédit photos : DR (Christophe Monseur / Aymeric Nercisse)